Des ricochets dans un cours d'eau et c'est tout une ambiance qui se crée.
Pierre n'avait pas la main lourde quand il s'agissait de faire rebondir un cailloux sur l'eau. Il n'avait pas non plus le regard terre à terre, quand il fallait interpréter le monde. Et sa réalité, avait un certain goût de malaise.

Par exemple, récemment, il avait remarqué Rose. Ils ne s'étaient croisés que deux fois tout au plus et pourtant, elle le laissait extrêmement songeur. C'était le parfum d'une fleur rare qui flotte dans l'air et Pierre avait perçu dans son regard toute l'ambiguïté de leur rencontre.

Elle minaudait, c'était certain.

A chaque regard que je croise, j'y vois une réalité.
La première fois que Rose m'a regardé, j'ai tout de suite compris qu'elle était attirée par moi. C'est une vraie aguicheuse cette fille. Ses lèvres ne demandaient que les miennes et ses gestes... Elle le fait exprès !

A notre seconde rencontre, j'ai décidé d'entrer dans son jeu, en lui rendant ses sourires.

Je n'ai en plus, jamais besoin de la chercher. Elle fait tout pour me voir ! En ce moment, je la croise tout le temps. Au coin d'une rue, d'un sentier, n'importe où et elle me sourit avec une sorte d'obscénité. J'ai d'abord tenté de lui résister, vraiment, mais soyons clair, elle est pire que Blanche, quand il s'agit d'attirer les gens dans ses filets !

Pierre s'était redressé en position assise, la fixant. Elle aurait du le remarquer, non ? Alors pourquoi continuait-elle de faire comme s'il n'était pas là ? Il se passa la main dans la nuque, en souriant légèrement de ce qu'elle faisait.
Toute son attitude transpirait la séduction. Du parfum qu'elle dégageait et cette jambe qu'elle relevait.
Dans une autre situation, il aurait été un voyeur. Mais là... là c'était un vrai jeu, qu'elle menait.

Doucement, il se pencha, appuyant les mains dans l'herbe, vers elle, l'observant comme un animal embusqué. De là où il était, il parvenait à sentir son parfum et à voir les quelques gouttes d'eau ruisseler sur sa peau. Comme une tentation, en se penchant en arrière, elle s'offrait à lui. Etrangement, il eut même l'impression qu'elle lui glissait de s'approcher.

Ce qu'il fit. A quatre pattes, lentement, sans bruit, si ce n'est le tissu de son pantalon qui frôlait le sol, il fit son chemin entre l'herbe et les fleurs. Il était à quelques mètres d'elle et la chaleur du soleil faisait crépiter en lui quelques envies que Rose partageait assurément.

Dans sa tête se bousculaient déjà les images de scènes tabous, causées par les désirs que Rose lui soumettaient.

Alors, tendant la main, il s'apprêtait à la cueillir...