C'est une soudaine envie de voir à quoi ressemble les Prophètes Nuages de nuit qui m'a poussé à sortir. Eh bien j'ai ma réponse ! Pendant que Soleil termine sa course, ils se parent tous de rose et vivent leurs derniers instants à danser, Vent les accompagnant. Ensuite, quand Lune arrive, ils deviennent terriblement noirs. Pourquoi sont-ils si tristes de la voir apparaître ? La Régisseuse de la nuit n'est pourtant pas bien méchante...

Je me suis alors demandé, tout en marchant vers l'enclos des animaux, si du Ciel on voyait la Terre noircir à la tombée de la nuit ? Car ne possédant pas de Flambeaux Étoiles, elle doit être affreusement sombre ! Je frémis et croise les bras en pensant à une Terre toute de noir vêtue. Sans lumière, qu'adviendrait-il des êtres vivants ?

Le galop précipité d'un cheval me fait relever la tête. C'est alors que je vois une personne sautant de la barrière du clos. Elle fait quelques pas, puis retourne s'asseoir ; Vent me confie qu'elle a demandé qui était là. Peut-être pourrait-elle répondre à mes questions ?! Les humains doivent bien savoir si leur Terre est lumineuse vue du Ciel !

Soudain très excité par la perspective d'avoir des réponses, je me mets à courir vers la silhouette. J'arrive presque à sa hauteur quand une malencontreuse pierre vient se glisser sous mon pied ; je m'étale de tout mon long ! Étant à peine à trois mètres de la personne, j'ai pu l'identifier comme appartenant à la gent féminine. La Terre a très mauvais goût...mais bon, c'est pas comme si c'était la première fois que j'y goûtais !

Je reste quelques secondes à terre, ne ressentant rien d'autre qu'une haine profonde envers la gravité terrestre. La honte ne fait pas partie de mes options. Je me redresse alors lentement en assurant mes appuis, puis souris innocemment à la fille. Mes vêtements, tout comme mon visage, sont recouverts de poussière que je m'applique à l'enlever rapidement. Je réponds alors bêtement à sa question initiale, tout de même impatient de pouvoir lui poser les miennes :

La gentillesse de la fille me fit sourire de plus belle. Et quand elle m'invite à m'asseoir à côté d'elle, je n'hésite pas une seconde. Ça fait déjà quelques temps qu'on a été aussi prévenant avec moi. Le léger rire de Damarel qui résonne à mes oreilles à ce moment-là, confirme ma première impression : cette fille est quelqu'un de bien. Elle lève son visage vers le Ciel, et je regarde Vent jouer un peu avec ses cheveux blonds. Je me demande...

Parce qu'à sa manière de regarder là-haut, on dirait que le Ciel l'apaise. Et je serais fier de savoir que mon monde peut apporter le bien-être chez les humains ! Damarel veille aussi bien sur ses disciples que sur les habitants de la Terre...et cela m'inspire le respect le plus profond. Je retiens un soupir en pensant que le seul bonheur pour moi sera atteint lorsque j'accéderai au Ciel. Mais je me contente parfaitement des joies quotidiennes que j'éprouve en aidant et écoutant les gens... Et étrangement, j'ai envie de parler avec cette fille. J'enchaîne alors, n'attendant pas sa réponse :

Je me tais soudain. Je n'ai pas envie de l'ennuyer ou de l'agresser...mais mon envie de connaître les gens est parfois un peu dure à maîtriser. En plus, tous ces Prophètes noirs et déprimés là-haut essayent de déteindre sur moi ; pas question de me laisser submerger !

Voilà qui prête à réflexion. Évidemment, les humains ne peuvent pas avancer dans leur quête d'eux-mêmes en fixant les flambeaux stellaires... Mais en les ignorant, ils passent parfois à côté de la réponse à leur question. Le simple fait que cette fille se pose la question me prouve une fois de plus que j'aime les humains : ils savent rêver. Au moins une chose que nous avons en commun et qui, Espérance mis à part, est vraiment primordiale dans la vie.

Quand elle dépose ses lèvres sur mon front, je sens qu'elle accepte ma présence. La déranger aurait été la dernière des choses que j'aurais voulu faire ! Elle a m'aide à passer de l'autre côté de la barrière, m'entraîne vers le centre de l'enclos et passe sa main dans la crinière sombre de l'animal.

J'écarquille les yeux à l'entente de son prénom. Ce qu'il est beau ! Il est léger et bleu clair...comme le Ciel ! Un grand sourire se peint sur mes lèvres, et je me présente à mon tour :

Le cheval choisit ce moment-là pour approcher son museau de Zelda et le frotter contre sa joue. Je ne peux m'empêcher de rire aux éclats devant cette réaction possessive de l'animal.

Je joins les main devant moi et poursuis :

Mon sourire s'étire et fait disparaître mes yeux. Vent se lève et vient s'amuser avec mes mèches pâles en ramenant avec lui une douce odeur de feu de bois. Je rouvre les yeux et regarde le Ciel en pensant que oui, les humains rataient quelque chose s'ils ne s'occupaient pas des flambeaux célestes... Mon regard carmin se fixe dans celui de Zelda et je ne peux m'empêcher de croire et d'espérer qu'elle trouvera ce qu'elle cherche, un jour ou l'autre.