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L'enfant et le boulanger [pv Rei]

Fioccolino
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MessageSujet: L'enfant et le boulanger [pv Rei] L'enfant et le boulanger  [pv Rei] EmptyMer 8 Mai - 17:41

Fioccolino se réveilla avant tout le monde, ce matin-là. L’aube venait à peine de recouvrir la nuit d’un manteau rosé, accompagnée d’une fraicheur humide que le garçon adorait. Il se levait souvent très tôt, rien que pour assister à cette métamorphose céleste, contemplant dans le silence les nuages mouvants et les nuances de l’atmosphère… Son compagnon dormait toujours, ce qui était une bonne nouvelle, car certaines nuits Fioccolino était si bruyant et agité qu’il empêchait les autres enfants de fermer l’œil.

Il sortit du lit en tentant vainement de se lisser les cheveux, puis se dirigea vers l’amas d’affaires qu’il avait laissé au bout de son lit, la veille. Le temps n’était pas trop mauvais aujourd’hui. Il pourrait même mettre un short.
Soudain, une impression étrange et très désagréable l’assaillit. Entre ses jambes, s’éxpansant vaguement à l’intérieur de ses cuisses, une matière irritante et poisseuse tachait son pantalon.

- Oh non ! s’écria-t-il d’un ton plaintif. Non non non…

Encore. En ce moment, c’était presque toutes les nuits. Parfois, ça le réveillait et il courait à la salle de bain pour réparer les dégâts. Mais d’autres fois, comme cette nuit, il ne s’en rendait pas compte, et se retrouvait avec une souillure de honte étalée sur son pantalon. Heureusement, ce matin, personne ne le découvrirait. En général, Bird se débrouillait pour lui éviter la révélation de son incontinence, il occupait les autres, faisait laver ses draps discrètement, parfois même il avait prêté des vêtements à Fioccolino pour lui éviter un trajet humiliant. Mais il ne pouvait pas toujours éviter le pire.

Ce jour-là, Fioccolino décida de se débrouiller seul. Il se rendit dans la salle d’eau, ôta son slip et son pantalon de nuit, et entreprit de les frotter avec ferveur. Mais c’était trop incrusté, ça ne voulait pas partir. Et cette teinte si laide, si révélatrice ! Elle était bien décidée à s’accrocher au tissu blanc et bleu. Fioccolino, dans une exclamation rageuse, retourna à sa chambre, ses vêtements trempés en plus d’être tachés. Il les fourra sous son lit en espérant que personne n’aurait l’idée d’y jeter un œil, et s’habilla prestement avant d’être découvert. Il mit aussi un pull-over, car l’aurore était toujours fraiche. Et enfin, il descendit à la cuisine.

Le petit déjeuner n’était bien évidemment pas encore prêt, car personne n’était debout. Le silence du foyer, si peu habituel, était presque déroutant. Fioccolino était un garçon farouche voire agressif, mais cela ne l’empêchait pas d’avoir plein de bonnes intentions. La plupart du temps, il ne parvenait pas à les réaliser comme il faut, par maladresse ou innocence. Mais ce matin-là, il fut très inspiré lorsqu’il décida de ramener des baguettes de pain à peine sorties de la boulangerie. Bird serait content, pour sûr, il serait content.

Ragaillardi par ce projet, qui était tout anodin mais pas moins extraordinaire pour le jeune Flocon, il sortit en trompe du Foyer en courant vers son vélo. Il salua les poules et les rares petits animaux éveillés qu’il croisa. Et il quitta la ferme en pédalant avec vigueur.


* * *



Il mit un certain temps à se rendre dans le Bourg, car il y allait très rarement et avait peur de se tromper. Fort heureusement, Espérance n’était pas un monde très étendu… Parcourant les ruelles sur sa bicyclette, il cherchait des yeux la boulangerie de Rei, la seule qu’il connaissait. Peut-être était-ce après tout la seule existante en ces lieux… Plusieurs passantes lui adressèrent un signe de tête et même quelques « bonjour », un adolescent dit même à son amie : « il s’est fait mordre les fesses, le rouquin ! ». Fioccolino ignora tout le monde, les gens aimables comme les gens railleurs, il avait un but et il n’avait pas le temps. Fioccolino ne prenait pas son temps parmi les villes et les gens.

Il dérapa légèrement sur les pavés, s’arrêtant le cœur battant à quelques mètres en face de la boutique de Rei. Le garçon était déjà là. Ses cheveux bruns et son regard triste étaient fort reconnaissables. Fioccolino n’avait jamais beaucoup parlé à Rei. Il n’était pas bavard, Rei l’était encore moins. Là où Fioccolino subissait sans relâche la peur et la colère, c’était la peine et la solitude qui semblaient s’acharner sur le jeune boulanger. Des fois, Fioccolino, emporté par l’un de ses élans, mourrait d’envie de lui demander : « Rei, pourquoi ne souris-tu jamais ? ». Une ombre semblait le suivre partout, demeurant au-dessus de sa tête comme un nuage en perpétuel orage. Mais cet orage, personne ne l’entendait. Sauf Rei, peut-être. Malgré tout, Fioccolino connaissait trop bien les ombres. Il se demandait de quelle sorte était celle du jeune homme.

Bien que Rei fût sans aucun doute inoffensif, c’était toujours un peu éprouvant pour Fioccolino de devoir échanger avec une autre personne, ne fut-ce que pour demander une baguette. Il prit une grande inspiration en gonflant le torse, déposa son vélo à l’entrée, et pénétra dans la boutique. Il y eut un moment de silence, Rei lui adressa un regard furtif, tout en malaxant de la pâte.

- Bonjour, finit par lâcher Fioccolino, forçant sur sa voix pour paraitre plus assuré.

Rei ne dit rien, se contentant d’esquisser un vague sourire.

- Je voudrais bien cinq baguettes, Rei.

Nouveau silence, le boulanger s’affairait.

- C’est pour faire une surprise à tous les Spéciaux, au Foyer. Je pense que Bird sera content. Je pense.

Fioccolino ne savait pas pourquoi il disait tout cela. Rei n’en avait sûrement rien à faire. Il ne vivait même pas au Foyer. Peut-être que ce jour-là, le garçon avait envie d’entendre le son de sa voix.


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MessageSujet: Re: L'enfant et le boulanger [pv Rei] L'enfant et le boulanger  [pv Rei] EmptyJeu 9 Mai - 18:49

Une nouvelle journée s'annonçait. Rei était comme toujours dans sa boulangerie, pétrissant la pâte pour la fournée suivante. La porte était déverrouillée, la vitre donnant vue sur une Espérance qui s'extirpait lentement du lit, l'aube pointant le bout de son nez, les pâtisseries présentées derrière la la vitre qui faisaient de l'oeil à des passants encore à moitié endormis.

Il était conscient que sa réputation de boulanger muet bien que serviable nuisait un tant soit peu à son commerce. Les villageois préféreraient avoir un commerçant capable de parler et avoir une conversation normale avec eux. Ça serait quand même agréable d'avoir une feuille sur lequel était griffonné leur réponse.

Un bruit de crissement se fit entendre devant la boulangerie. Rei leva les yeux vers la vitre et vit un des enfants de la fermette de Bird descendre de son vélo. Fioccolino, s'il se souvenait bien du nom. Un brave petit quoi qu'un peu maladroit.


« Bonjour, »

Rei se tourna vers le petit et lui sourit. Il allait probablement commander une patisserie, Bird se chargeant généralement de les fournir en pain. Mais... une pâtisserie, si tôt ? Etaient-ils dont exempts de travaux à la ferme, aujourd'hui ?

« Je voudrais bien cinq baguettes, Rei.  »

Le boulanger arqua un sourcil. Cinq baguettes ? Bird était malade et c'était au petit de faire les provisions de pain, ou quoi ?

« C’est pour faire une surprise à tous les Spéciaux, au Foyer. Je pense que Bird sera content. Je pense.  »

Une surprise ? Le jeune homme haussa les épaules et prépara les 5 baguettes avant d'écrire le prix sur une feuille, auquel il ajouta un mot.

« Qu'est ce que tu comptes leur préparer avec 5 baguettes ? Bird aurait pu les acheter lui même, tu sais. »

Qu'est ce que ce petit garnement préparait donc ? Peut être juste préparer un petit déjeuner pour toute la ferme. Le pauvre allait avoir du travail, vu le nombre d'habitants. Enfin, c'était à lui de voir. Rei ne pouvait pas laisser la boulangerie sous prétexte qu'il donnait un coup de main à un jeune homme.
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MessageSujet: Re: L'enfant et le boulanger [pv Rei] L'enfant et le boulanger  [pv Rei] EmptyVen 10 Mai - 20:17


Le boulanger lui tendit son imposant achat, accompagné d’une note. Fioccolino l'attrapa du bout des doigts et la parcourut des yeux. Il comprit vite qu'il s'agissait simplement de la réponse de Rei, qui à défaut de faire entendre ses mots, les écrivait.

"Qu'est-ce que tu comptes leur préparer avec 5 baguettes ? Bird aurait pu les acheter lui-même, tu sais."

Un peu troublé, Fioccolino reporta son regard sur Rei qui avait posé les baguettes sur le comptoir. Il avait un air vaguement suspicieux, qui fit comprendre à Fio qu’il se méfiait de ses projets.

Fioccolino sentit le rouge lui monter aux joues. Pour sûr, le flocon si généreux, ça sortait bien de l’ordinaire ! Il ne faisait presque jamais rien pour le Foyer, en dehors de ce qu’on lui demandait. Il y avait des enfants, comme Résine ou Narcisse, qui étaient bien plus serviables et efficaces que lui. Ils étaient prêts à tout pour cultiver l’harmonie d’Espérance.
Fioccolino, lui… Bird lui donnait des excuses ; c’est qu’il était trop timide, trop fragile, et puis il est si petit, regardez-le… La vérité, c’est que Fioccolino ne savait pas comment faire. Il était si maladroit qu’il faisait tout de travers. Pourtant, c’était un petit garçon robuste et fort habile ! Mais c’était des actes, des mots et des réactions, dont il était gauche… Il ne savait pas comment se comporter.

L’idée lumineuse de nourrir toute sa fratrie qui lui avait traversé la tête le matin-même, il en était bien fier. Mais il se rendait compte que, finalement, cette attitude pouvait le rendre douteux aux yeux de ceux qui le connaissaient trop vaguement. Au lieu d’y voir une bonne intention, ils y percevraient quelque sournois présage…

- Je ne veux rien leur préparer ! se défendit Fioccolino. Je veux dire, comme mauvais plan. Ce n'est pas de la mauvaise intention. Cela fera un peu de repos à Bird, voilà tout. Je veux juste être gentil !

Il saisit les baguettes que lui tendait Rei, qui occupèrent bientôt tout espace possible entre ses deux bras. Il se demandait déjà comment il arriverait à transporter sa cargaison jusqu’au Foyer. Après avoir salué le boulanger, il sortit de la boutique, encore tout retourné d’avoir été si maljugé. Ce n’était pas la faute de Rei, bien sûr, pauvre Rei, il ne demandait certes rien à personne. C’était sa faute à lui, toujours sa faute.
Il aurait dû se contenter d’un plus sobre projet. Et puis, lui qui avait pris l’habitude de chaparder par-ci par-là, au risque de se retrouver dans le grand bureau –mais peut-être était-ce ce qu’il cherchait – lui qu’on avait plusieurs fois traité de voleur, ne risquait-on pas de se méprendre sur la provenance de ce pain ? Il ne l’avait volé à quiconque, lui le savait, mais les autres ? Bird le défendrait, pourtant certains enfants demeuraient bien obtus dans la ferme. Et même s’ils ne l’étaient pas, Fioccolino s’en persuadait, trop apeuré à l’idée qu’on le malmène au moindre prétexte.
S’il avait pu faire ce pain lui-même, ah, si seulement ! Ainsi, plus de doute possible…

Cette réflexion fit germer une nouvelle idée, comme une ampoule soudain électrisée dans son crâne échevelé. Il regarda la course lente du soleil à peine émergeant. C’était possible. Mais… oserait-il ?

Un peu hésitant, il revint dans la boutique et ouvrit timidement la porte en pénétrant presque sur la pointe de pieds dans son enceinte. Rei paraissait un peu perplexe. Fioccolino, les joues à nouveau rosies d’embarras, regarda ses pieds en se balançant légèrement sur ses pieds. Il finit par lancer, un peu brutalement.

- Rei, je me disais… Tu n’as pas de client, et il est encore tôt. Il est 7h à peine. Si… Si tu n’es pas occupé, je me disais… Je me disais que, toi et moi, on pourrait faire des pâtisseries pour les enfants du foyer.

Il reprit une inspiration et dit en relevant la tête :

- Je ne suis pas doué, c’est bien vrai, mais je sais apprendre, Rei, je sais apprendre ! Je ferai ce que tu voudras en échange. Je veux juste qu’ils voient que c’est moi qui leur offre le pain. Alors Rei, tu dis oui ?


Rei
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MessageSujet: Re: L'enfant et le boulanger [pv Rei] L'enfant et le boulanger  [pv Rei] EmptyVen 10 Mai - 22:39

Bien qu'il ne soit pas concerné par l'affaire, Rei se demandait pourquoi Fioccolino a commandé 5 baguettes de pain. C'était un brave petit, il le savait, bien qu'on ne disait pas forcément que du bien de lui. Rei avait beau ne pas entrentenir de relation par le dialogue avec ses clients, ses oreilles percevaient des ragots sur Pierre ou Paul ou Jaques... ou Fioccolino. Oh, rien de bien méchant, mais on le disait quand même maladroit, parfois du genre à faire un mauvais coup... ce genre de choses. Info ou Intox, allez savoir. Rei avait juste demandé le pourquoi d'un tel acte par pur curiosité, mais ça ne semblait pas ravir le petit qui se défendit de façon un peu brusque.

« Je ne veux rien leur préparer ! Je veux dire, comme mauvais plan. Ce n'est pas de la mauvaise intention. Cela fera un peu de repos à Bird, voilà tout. Je veux juste être gentil ! »

Rei savait qu'il disait la vérité et ça le désolait que le petit prenne la mouche comme ça. Est-ce qu'il s'y était si mal pris pour parler avec lui ? Probablement. Il n'a jamais été doué pour le dialogue, probablement parce qu'il ne parlait pas, justement. Il resta donc là, impuissant, regardant le petit prendre les baguettes d'un air furieux et quitter la boutique. La question se posa alors que Rei l'apperçut à travers la vitre rejoindre son vélo : comment allait-il transporter les baguettes jusqu'à la ferme ? Pas à vélo, déjà, et ça faisait une petite trotte à pied bien que ça ne soit pas si loin que ça.

Rei le regarda, curieux de savoir ce qu'il allait faire, et il observa le petit rester planté là un moment... puis faire demi-tour pour revenir vers lui. Eh ben ? Qu'est ce qui lui prenait ?Rei le regarda d'un air curieux, attendant de voir ce qu'il allait demander.


« Rei, je me disais… Tu n’as pas de client, et il est encore tôt. Il est 7h à peine. Si… Si tu n’es pas occupé, je me disais… Je me disais que, toi et moi, on pourrait faire des pâtisseries pour les enfants du foyer.  »

Inutile de préciser que Rei le regarda d'un air vraiment étonné. Il voulait faire des pâtisseries ? Il n'était pas contre, bien sur, mais était-il conscient du travail que ça représentait, surtout pour tous les enfants du foyer ?

« Je ne suis pas doué, c’est bien vrai, mais je sais apprendre, Rei, je sais apprendre ! Je ferai ce que tu voudras en échange. Je veux juste qu’ils voient que c’est moi qui leur offre le pain. Alors Rei, tu dis oui ?  »

Le boulanger prit encore une minute pour réfléchir puis gribouilla un nouveau mot sur le papier.

« Je te préviens, ça va pas être de tout repos. Passe dans l'arrière boutique, lave-toi les mains, met un tablier et attends moi, je te rejoins. »

C'était bien la première fois que Rei allait montrer les coulisses de son travail à qui que ce soit... aussi loin qu'il s'en souvenait, en tout cas. Qui sait s'il faisait déjà ce métier avant d'arriver à Espérance...

Fioccolino parti à l'arrière, Rei prépara la clochette pour entendre les clients arriver et rejoignit le gamin avec son calepin pour communiquer avec lui.


« Pour commencer, on va préparer la pâte pour les pâtisseries. Vu que je n'ai pas de machine pour, je fais tout à la main la veille en général, mais on va le faire ensemble pour cette fois ».
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MessageSujet: Re: L'enfant et le boulanger [pv Rei] L'enfant et le boulanger  [pv Rei] EmptyDim 12 Mai - 17:46

L’attente fut longue, très longue pour le petit cœur endiablé de Fioccolino qui attendait la réponse du jeune boulanger. Il était bien conscient de son audace, et d’ailleurs il s’attendait plus à un refus qu’à un accord. Pour l’instant, Rei paraissait avant tout sceptique. Il attrapa son calepin et griffonna très vite dessus – c’est qu’il devait avoir l’habitude – avant de le présenter aux yeux du jeune garçon :

« Je te préviens, ça va pas être de tout repos. Passe dans l'arrière boutique, lave-toi les mains, met un tablier et attends moi, je te rejoins. »

A la fois soulagé et un peu effrayé de la tâche qui l’attendait, Fioccolino lui adressa un vif signe de tête en signe d’approbation. Il ne fallait pas qu’il perde son sang-froid. C’était lui qui avait demandé à être de la partie, il ne pouvait pas se permettre de faire des bêtises, ou pire : abandonner. En somme, il devait se montrer à la hauteur. Par ailleurs, Rei, l’un des enfants les plus secrets et solitaires d’Espérance, n’ouvrait pas ses portes à n’importe qui. Peut-être même que, jusqu’alors, il ne l’avait jamais fait…

Une fois les préparations effectuées, Fioccolino rejoignit son maitre improvisé. Son tablier était bien trop grand, il lui arrivait presque jusqu’au bout des pieds, mais il parvint à le rehausser en nouant les bretelles. Cela lui donnait un air quelque peu ridicule, mais Rei n’en aurait certainement cure. Fio se demandait un peu comment la communication se passerait. Utiliserait-il son carnet tout le temps ? Ce n’était pas un moyen très commode... Et Fioccolino, conscient de ce que sa présence représentait, commençait à se sentir gêné de mettre le boulanger dans un tel embarras. Il serait certainement plus encombrant qu’aidant ! Mais pas de place pour les regrets. Il avait de la chance, une chance que les autres gamins d’ici n’avaient pas, inutile de la gâcher.

Ragaillardi par ces pensées, Fioccolino se mit à côté du boulanger. L’arrière-boutique était, en plus d’être inconnue à ses yeux, assez impressionnante. Il y avait des fours, des caisses, des ingrédients divers, et beaucoup de farine. Avant de le laisser contempler les lieux plus longuement, Rei lui tendit une nouvelle indication gribouillée :

« Pour commencer, on va préparer la pâte pour les pâtisseries. Vu que je n'ai pas de machine pour, je fais tout à la main la veille en général, mais on va le faire ensemble pour cette fois ».


Fioccolino approuva d’un nouveau signe de tête. Troublé par le silence ambiant, il osait moins parler. Ce n’était pas tranquillisant d’être le seul à briser le silence. Heureusement, ils n’avaient guère le temps de s’adonner à des bavardages, car leur ouvrage requérait tous leurs efforts et toute leur attention. En particulier ceux de Fio qui n’avait pas l’habitude de telles tâches. Rei, lui, était vif, précis et ordonné, il malaxait les pâtes et fabriquait ses créations avec une dextérité exemplaire qui ne pouvait que témoigner de son expérience.

Fioccolino était bien plus malhabile. Ses pâtes étaient toujours plus effritées, ou bien plus grasses, il faisait tomber des ingrédients ou surdosait la farine. Rei ne lui fit aucune réflexion, mais cela ne l’empêchait pas de se maudire en dedans tant il avait l’impression d’être un véritable boulet pour le boulanger. Au fil des heures – car cela prit bien du temps ! – Fioccolino parvenait heureusement de mieux en mieux à suivre l’exemple de son enseignant. Il allait plus vite, avec moins de gaucherie et d’hésitation. Ils étaient parvenus à créer de belles choses, qui paraissaient aussi jolies que goûteuses, ce qui était bien la consécration pour une pâtisserie. Sans véritablement s’en rendre compte, Fioccolino commençait à ressentir une sorte d’admiration pour le boulanger, si délicat avec ses créations. Rei excellait dans son art.

En l’observant à l’ouvrage, Fioccolino retrouva, malgré la concentration qui voilait son regard, la tristesse dans les yeux du jeune homme. Une tristesse diffuse, très encrée, qui semblait faire partie de lui. Ce n’était pas une tristesse passagère, un sentiment volage, c’était une chose profondément intégrée à sa personne. Cela, Fioccolino ne le réalisait pas vraiment, il le ressentait sans le comprendre. Troublé par ces réflexions, il détourna le regard et observa les mains de Rei. Elles étaient couvertes de farine, mais cela n’enlevait rien à leur doigté d'expert.

Soudain, Fioccolino crut voir un trait mince strier la peau du boulanger, au niveau des poignets. Il plissa les yeux, étonné, et vit nettement une ligne fine et droite partir de son poignet avant de disparaitre au creux de sa manche. Comme une cicatrice. Fioccolino ne se demanda pas si sa question était déplacée, si elle pouvait être de l’ordre des questions qu’on ne pose pas car elles sont indiscrètes, impolies ou douloureuses. Il la posa parce qu’il ne savait pas la réponse. Alors il demanda :

- Rei, que t’est-il arrivé sur le bras ?


Rei
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MessageSujet: Re: L'enfant et le boulanger [pv Rei] L'enfant et le boulanger  [pv Rei] EmptyLun 13 Mai - 20:13

Se retrouver avec un apprenti en cuisine était quelque chose d'assez inédit pour Rei. Il n'a jamais songé à enseigné son art à qui que ce soit. Bon, il lui apprenait juste à faire des pâtisseries, ça ne tuera pas son commerce à moins que Fioccolino n'ouvre sa propre boulangerie, ce qui n'arrivera pas avant 5-6 ans, le temps qu'il devienne majeur et indépendant. Rei avait donc tout son temps devant lui.

Les débuts étaient plutôt chaotique, Fioccolino n'ayant pas le coup de main de Rei qui dut donc l'aider et parfois le laisser seul le temps de servir un client. Les pâtes finissaient trop grasse ou en morceau, les ingrédients tombaient par terre ou étaient mal dosé... si Rei pouvait parler, il pesterait, mais il garda le silence. Fioccolino avait de toutes façons l'air de se gronder lui même vu la tête qu'il tirait. Pas la peine d'en rajouter, donc. Mais finalement, le petit finit par créer ce qu'il souhaitait : des pâtisseries. Rei lui montra plusieurs modèles et le petit suivait son exemple avec moins de maladresse. Il était plutôt bon élève malgré le fait que le pâtissier ne pouvait ouvrir la bouche. Le petit avait du talent, c'était certain.


« Rei, que t’est-il arrivé sur le bras ? »

Le patissier sursauta à sa question et observa ses poignets. Les marques... avec le temps, il les avait oublié, mais elles étaient toujours là... des marques qu'il avait depuis toujours, mais il ignorait pourquoi... le patissier acheva de pétrir sa pâte puis attrapa le carnet et griffonna un mot :

« si seulement je le savais. »

Oui, si seulement il savait... mais voulait-il seulement le savoir ? Il n'en était pas certain au final. De telles cicatrices doivent être l'oeuvre d'un fou qui a tenté de le tuer...

En tout cas, Rei n'avait guère envie de parler de ça, d'où le fait qu'il griffonna une suite à son message :


« et comment vas-tu porter le pain et les pâtisseries à la ferme ? Tu veux un coup de main ? »

L'heure était un peu avancée, les villageois étaient presque tous au travail, maintenant. Il n'était lus certain de vendre quoi que ce soit avant les prochaines heures creuses.
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MessageSujet: Re: L'enfant et le boulanger [pv Rei] L'enfant et le boulanger  [pv Rei] EmptyMer 15 Mai - 17:12


Rei eut un sursaut. La question de Fioccolino ne semblait pas être anodine pour lui. Cela rendit le garçon perplexe, car il s’était attendu à une réponse ordinaire, du genre de : « Je me suis coupé avec un couteau à pain » ou « Je suis éraflé avec un clou », quelque chose de banal qui pouvait arriver à un boulanger. Mais il comprit au regard confus de Rei que sa question n’était ni anodine ni banale, et que la réponse devait l’être encore moins.
Ce qui fut confirmé par le griffonnage expéditif que lui tendit le jeune homme.

« Si seulement je le savais. »

C’était une chose si étrange à dire que Fioccolino ne trouva rien à répondre. Rei avait une cicatrice ancienne et ancrée qui lui barrait l’avant-bras, et il ne savait pas d’où elle venait ? Cela n’avait aucun sens. A moins que…

L’évidence apparut aux yeux de Fioccolino, qui tourna subitement la tête pour se reconcentrer sur sa tâche. Bien sûr… Ces cicatrices, elles venaient de l’Avant. Rei, comme lui, avait oublié la majorité de ses souvenirs. Il ne devait même pas savoir ce qui lui avait infligé de telles marques. Fioccolino se demanda si c’était ces souvenirs interdits, soit oubliés soit enfouis, qui empêchaient Rei de parler. Il repensa à son apparence dans le Reflet, lorsqu’il devenait un enfant à la bouche condamné par une énorme cicatrice blanchie. Rei ne devait pas être bien différent de lui, à l’intérieur. Mais Rei ne semblait pas être enclin à s’étaler sur ce genre de propos. Fioccolino le comprenait bien. Il devait en avoir par rafales, des questions. Pourquoi tu ne parles pas ? Pourquoi tu ne souris pas ? Tu es muet ? Et maintenant, ces cicatrices. Alors que lui-même n’avait aucune réponse. Pour sûr, Fio avait été bien maladroit de lui demander de telles choses. Mais il ne pouvait pas savoir, ça non, il n’imaginait pas…

Le résultat de leur collaboration était plus prometteur qu’il ne l’avait supposé. C’était surtout grâce au talent de Rei, certes, mais il avait largement participé à leur succès, car il s’était mis à l’ouvrage avec toute la volonté du monde. Il était ravi de voir que Rei avait su le guider afin de réaliser des créations uniques et très jolies, exactement ce qu’il souhaitait. Pour le jeune boulanger, c’était un travail routinier, pour Fioccolino, c’était un exploit. Chaque pensionnaire du foyer aurait sa propre gourmandise, marquée de leur nom à la crème d’amande. Même Bird avait son gâteau, avec un petit oiseau dessiné.

« Et comment vas-tu porter le pain et les pâtisseries à la ferme ? Tu veux un coup de main ? »

Fioccolino regarda le visage du jeune homme. Un visage pâle aux yeux comme des morceaux de ciel. C’était drôle comme Rei s’ouvrait par moments, ne laissant filtrer que quelques rayons. Ceux qui le voyaient comme un type fermé à double tour se trompaient. Là, Rei venait de s’ouvrir, un tout petit peu. Fio se souvenait très bien la première fois qu’il avait entendu parler du boulanger. Un garçon de sa classe discutait avec une fille et lui disait : « Je te jure, ce gars-là ne parle jamais. Et il voit des gens par dizaine tous les jours ! Quand bien même, il ne dit pas un mot ». La fille avait répliqué « Ce n’est pas très poli, je n’irai pas chercher mon pain chez quelqu’un qui ne parle pas ».

Mais Rei parlait. Il ne parlait pas avec sa bouche, mais il parlait. Il prenait la peine d’écrire à chaque personne qui le visitait. Il parlait avec son regard, avec ses gestes. Alors, pourquoi les autres ne le remarquaient-ils pas ? Bird l’avait sûrement compris lui. Le silence n’est pas toujours où l’on croit. Et, qui sait, peut-être qu’un jour, un mot, ou même deux, sortiraient enfin de la bouche du boulanger. Espérance, c’était bien le lieu de tous les espoirs. Non ?

Après ce bref moment de divagation, Fioccolino reposa le papier et sourit faiblement.

- Peut-être que nous pouvons ramener les paquets à la ferme ensemble. Ils seront contents.

Mais soudain, un vertige virulent étourdit l’esprit de Fioccolino qui se tint la tête en chancelant un peu sur ses pieds. Il se tint à la table de bois en essayant de retrouver une vision nette, mais il sentait comme des courants d’air secouer son crâne. Il faisait trop chaud ici. Pour ne rien arranger, il se mit à saigner du nez. Devant le visage inquiet de son partenaire, il dit :

- Ce… ce n’est rien, je peux avoir un… verre d’eau et un mouchoir ?

Il était très embarrassé de se montrer dans un tel état devant Rei. Mais pire encore, il venait de tacher de sang sa plus belle création, le gâteau qu’il avait eu l’intention d’offrir à Bird. Et il ne restait plus de pâte afin de refaire l’oiseau. Il avait sali et gâché leur travail. Il était déjà 8h, Bird allait se réveiller. Et Fioccolino se présenterait à lui les mains vides.

Ce fut à grand peine qu’il retint des larmes de rage et de déception. Tout ça pour rien.


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MessageSujet: Re: L'enfant et le boulanger [pv Rei] L'enfant et le boulanger  [pv Rei] EmptyJeu 16 Mai - 16:46

Rei avait totalement oublié ses cicatrices. Quand il les avait vu pour la première fois, il était horrifié, subjugué par la netteté de la marque, comme si on lui avait fait ça pile avant qu’il n’arrive à Espérance. Mais ça aurait pu également être fait bien avant, dans sa jeunesse... par exemple le même jour où s’est déroulé la scène de ce cauchemar récurent qu’il vivait dans le reflet.

Chaque fois qu’il le faisait, c’était la même chose : une salle de bains ensanglantés, une baignoire remplie de sang dans lequel baignait deux corps et cette voix sinistre qui lui collait des frissons : “si tu parles, je te tue”... et le réveil soudain, causé par une mort dont il ignore tout. La peur le paralysait à chaque fois et l’empêchait de bouger. Dans le reflet, c’était un enfant aux yeux terrorisé... et sans bouche.

Rei revint au présent et observa l’oeuvre de Fioccolino. Le petit avait fait du bon travail. Il a gaspillé pas mal d’ingrédients mais à force d’essayer, il a vite trouvé le coup de main. Certes, ce n’était pas du grand art mais chaque habitant de la ferme de Bird avait une pâtisserie à son nom. Il discutera du prix avec Bird (il a quand même utilisé SES ingrédients et non ceux de Bird), mais vu que c’était le petit qui a fait le plus gros, il fera une remise.


Peut-être que nous pouvons ramener les paquets à la ferme ensemble. Ils seront contents.

Rei s’apprêta à répondre d’un hochement de tête, dans un sourire, quand l’enfant se tint alors la sienne en titubant, l’air visiblement mal en point. Une trainée rouge s’échappa de son nez pour s’écraser sur une pâtisserie. Immédiatement, Rei écarta les autres en regardant le jeune homme, inquiet.

Ce… ce n’est rien, je peux avoir un… verre d’eau et un mouchoir ?

Le boulanger hocha la tête et plongea la main dans sa poche pour en tirer un mouchoir propre, le genre de mouchoir classique en tissu avec des motifs à carreau. Il s’emparra en vitesse d’un verre et le remplit d’eau du robinet avant de le lui tendre. Fioccolino observait le gâteau tâché de sang... celui qu’il avait l’intention d’offrir à Brid. Compatissant, le boulanger posa une main sur son épaule. Il réfléchit en vitesse. ils avaient utilisé pas mal d’ingrédients, ses stocks étaient presque épuisés, mais il avait encore de quoi refaire le gateau. Ca ne sera pas le petit qui le fera, mais il en a déja fait un après tout. Rei guida le petit jusqu’à une chaise puis se dirigea vers les fourneaux, seul, et commença à se mettre au travail, laissant l’enfant se reposer. Il avait encore le temps avant le réveil de la ferme.
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MessageSujet: Re: L'enfant et le boulanger [pv Rei] L'enfant et le boulanger  [pv Rei] EmptyVen 17 Mai - 13:59


Rei ne dit rien, naturellement, mais il réagit vite. Une chance pour Fioccolino qui demeurait abattu, presque abruti par ce qui venait de lui arriver. Il s’était attendu à tout sauf à ça. Obnubilé par ses pensées à propos de Rei et de ses mystères, il n’avait même pas remarqué qu’il avait chaud et qu’un petit tapage commençait à germer dans son crâne. Il avait été totalement pris de cours. Et le boulanger aussi. Malgré tout, devant l’attitude accablée du petit garçon, Rei avait su agir avec tact et efficacité. Il avait immédiatement sorti un mouchoir de tissu de sa poche, que Fio avait été bien gêné de tacher, et avait couru lui chercher un grand verre d’eau.

Comme lui, Rei avait remarqué le gâteau, celui pour lequel Fio s’était donné tant de mal, à présent souillé de taches rouges. Fioccolino vibra légèrement en sentant la main du jeune homme se poser sur son épaule. Pour une fois, il ne se dégagea pas, car il ne sentit rien d’intrusif dans le geste de son compagnon. Rei le fixait de ses yeux pâles, l’air un peu désolé. Puis il changea d’expression, le visage soudain concentré, comme s’il cherchait la solution de quelque énigme. Encore trop perturbé, Fioccolino ne comprit pas ce revirement, il se contentait de le regarder un peu perplexe.

Toujours sans un mot, Rei le fit asseoir sur une chaise et lui fit comprendre de rester à sa place. Puis il se dirigea vers ses fourneaux. Pendant un moment, Fioccolino ne bougea pas. Il tentait avant tout de stopper sa petite hémorragie, appuyant sur son nez avec le tissu. Les mains encore un peu tremblantes, il buvait son verre d’eau par petites gorgées. Dans la boutique, aucun son ne brusquait le silence ; les clients étaient passés et Rei ne lancerait certainement pas la conversation. Quant à lui, il n’avait rien à dire. Il ne saignait jamais beaucoup, et bientôt son nez cessa de jouer au robinet qui fuit. Fio posa le mouchoir sur la chaise, finit son verre d’eau qu’il déposa également, et alla regarder ce que Rei manigançait. Il n’osa pas le déranger, sa présence avait assez fait de dégâts, aussi se contenta-t-il de se mettre dans l’encablure de la porte et d’observer les agissements du jeune boulanger.

Rei était encore plus actif que toute à l’heure. Les muscles de ses bras étaient saillants sous l’effort qu’il produisait, et Fioccolino voyait à présent la cicatrice de son avant-bras s’étirer au moins jusqu’au coude – et qui sait si elle ne se poursuivait pas encore davantage. Des gouttes de sueur perlaient sur son front, qu’il essuyait d’un revers du poignet de temps en temps, repoussant quelques mèches brunes. Fioccolino avait pensé qu’il s’affairait à mettre les pâtisseries restantes en paquets, afin de pouvoir les transporter jusqu’au foyer, mais son but semblait tout autre ! On aurait plutôt dit… qu’il préparait autre chose. Mais quoi ?

De plus en plus intrigué, Fioccolino était à présentent littéralement collé contre le mur, scrutant avec attention les faits et gestes du boulanger. Ce dernier semblait faire mille et une choses à la fois, mais il ne faiblissait ni de force ni de cadence. Qu’il se donnait du mal, rien que pour lui ! Fioccolino le petit sauvage était presque hébété, voire adouci, de voir tant d’ardeur dans les efforts de Rei.

Lorsque son œuvre fut finie, Rei la mit au four et s’occupa de l’empaquetage des autres petits gâteaux. Fioccolino revint sur sa chaise et attendit. Il se demandait ce qui sortirait du grand four de la boulangerie. Est-ce que Rei réussirait à rectifier son erreur ? Son cœur s’était remis à battre très vite, il craignait que Rei ne passe la porte pour lui annoncer qu’il avait fait de son mieux, mais qu’il avait manqué de temps et de moyens. Il craignait de revenir avec des confiseries pour tout le monde, sauf pour le directeur, qu’il avait pourtant tant souhaité réjouir. Mais, après tout, peut-être que ce qui sortirait de ces fourneaux, serait un miracle. Peut-être.


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MessageSujet: Re: L'enfant et le boulanger [pv Rei] L'enfant et le boulanger  [pv Rei] EmptyLun 20 Mai - 9:51

Le soudain saignement de nez avait autant surpris que destabilisé Rei. Il n'a jamais entendu parler de problèmes de santé de la part de Fioccolino... peut être que Bird gardait ça secrêt. Quoi qu'il en soit, le pauvre devait être accablé par le tragique destin qu'à subi le gâteau de Bird. Couvert de son sang, il devenait immangeable. Le boulanger allait faire ce qu'il pouvait pour que le petit ne soit pas trop triste. Et la meilleure chose qu'il puisse faire, c'est refaire un gâteau à l'identique, en un peu mieux. Il allait mettre tout son talent dans ce gâteau.

Il était concentré au maximum possible, jouant de ses muscles comme jamais pour pétrire, malaxer, mixer, mélanger. Pourtant habitué à l'effort, son corps s'endolorissait parfois, manifestant son mécontentement, mais Rei ignorait totalement ce genre de supplique. Il se reposera une fois le travail terminé et les gâteaux livrés.

Le gâteau était en tout point similaire à l'oeuvre de Ficcolino, à une ou deux exceptions prêt, tant sur le goût que l'apparence. Le petit oiseau était un peu plus stylisé que celui fait par le'enfant et le nappage bavait moins. Mais malgré tout, ce qu'avait fait le petit était vraiment bien pour une première.

Le gâteau finit par cuire au four, laissant à Rei le temps d'emballer le reste des pâtisseries. Ceci fait, il retourna dans la pièce où il a laissé l'enfant et lui sourit d'un air qu'il voulait rassurant. Il put constater que son mouchoir tâché de sang et le verre, vide désormais, trônaient sur la table. Le boulanger sortit alors son carnet.


« Il va falloir attendre un peu avant de partir. J'ai mit un autre gâteau à cuire pour Bird. Ca va aller pour ton nez ? »

Maintenant qu'ils avaient du temps libre, Rei aimerait bien connaître la raison pour laquelle le petit s'est mis à saigner du nez... enfin, s'il voulait bien en parler. Après tout, un nez qui se met à saigner tout seul, c'était pas forcément bon signe. Certes, il faisait chaud dans la cuisine de Rei, mais de là à faire une hémorragie...
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MessageSujet: Re: L'enfant et le boulanger [pv Rei] L'enfant et le boulanger  [pv Rei] EmptyLun 20 Mai - 21:01


Rei revint le voir. Il avait l’air fatigué, vaguement soulagé, et il souriait. Il souriait d’un air presque tendre. Ce sourire ne faisait pas disparaitre cette tristesse encrée qui voilait son visage, mais il était beau. C’était un vrai sourire. Fioccolino se tenait toujours assis, le verre et le mouchoir à côté de lui. Rei sortit son carnet et écrivit très vite :

« Il va falloir attendre un peu avant de partir. J'ai mit un autre gâteau à cuire pour Bird. Ca va aller pour ton nez ? »


Le visage de Fioccolino s’éclaira. Les paroles de Rei mirent du temps à pénétrer son esprit, comme cela lui arrivait souvent. Il avait vraiment cru que son gâteau serait fichu, en même temps que son plan pour surprendre la communauté du foyer. Comment serait le nouveau gâteau ? Il espérait une chose par-dessus toutes les autres, que le petit dessin d’oiseau fût resté. Combien de temps faudrait-il attendre ? Il avait tant envie de le voir. Se souvenant de la question de Rei, il répondit en baissant un peu les yeux :

- Oui, ça va… Je… Ça m’arrive tout le temps. C’est la chaleur ou… ou l’émotion.

Il avait hésité avant de dire le mot. Il n’aimait pas parler d’émotion. Il avait l’impression que révéler ses réactions suite à des troubles lui donnait un aspect fragile, faible même. Il n’avait pas envie que Rei le voie comme un faible. Et saigner du nez par émotion, cela ne faisait pas de lui un gaillard bien solide. Un faible.

- C’est le stress, ajouta-t-il un peu brusquement. Et il faisait chaud. Il faisait trop chaud près des fourneaux. Je pensais à trop de choses. Mon cœur bat très vite. Alors ça saigne, c’est comme ça. Des fois je tombe par terre. Je sais, c’est ridicule. Je ne peux pas m’empêcher.

La honte lui embuaient les yeux de larmes rebelles qu’il ne parvenait pas à refouler. Il replia ses genoux contre lui, toujours assis sur sa chaise, et s’essuya le nez d’un revers de la manche. Il n’osait pas regarder Rei dans les yeux et gardait la tête basse, le visage dissimulé par son épaisse touffe de cheveux roux.


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MessageSujet: Re: L'enfant et le boulanger [pv Rei] L'enfant et le boulanger  [pv Rei] EmptyMar 21 Mai - 8:47

Le visage de Fioccolino, auparavant déprimé et abattu, s’éclaira aux premiers écrits de Rei. Visiblement, il retrouvait espoir. Rei avait pris soin de reproduire du mieux qu’il pouvait le gâteau qu’avait fait le petit, les imperfections en moins. Même le petit oiseau était présent. Il eut un temps de latence avant de finalement répondre à sa question.

« Oui, ça va… Je… Ça m’arrive tout le temps. C’est la chaleur ou… ou l’émotion. »

Si c’était vraiment la chaleur, le pauvre devait avoir une santé fragile. Et l’émotion… il devait être sacrément émotif alors. Rei ne connaissait pas trop bien le petit, mais il ne lui paraissait pas si fragile que ça. Il donnait l’impression d’être fort, mais le boulanger savait bien que plus la personne avait l’air bourrue, plus son petit cœur était fragile.

« C’est le stress. Et il faisait chaud. Il faisait trop chaud près des fourneaux. Je pensais à trop de choses. Mon cœur bat très vite. Alors ça saigne, c’est comme ça. Des fois je tombe par terre. Je sais, c’est ridicule. Je ne peux pas m’empêcher. »

Il se cherchait visiblement des excuses pour ne pas renvoyer l’impression d’être un petit enfant fragile. Rei ne put que l’observer alors qu’il se recroquevillait, cherchant à cacher les larmes qui coulaient malgré lui de ses yeux. Le boulanger sourit et lui caressa un moment les cheveux histoire de le réconforter avant de sortir son carnet, gribouiller un message et le lui tendre, sourire aux lèvres.

« Je ne te demandais pas d’excuse, juste si ça allait. Ca arrive à tout le monde de saigner du nez, même aux hommes les plus forts. »

Il s’en alla dans la boutique récupérer un cookie et le rapporta au petit. Il aurait sans doute fait parti des invendus de la soirée de toute façon. Chaque soir, Rei récupérait les pâtisseries invendues et allait les distribuer aux enfants qu’il croisait. Il n’en restait jamais beaucoup. Pour ce qui était du pain, il se gardait une baguette pour lui et le reste servait à nourrir les animaux de la ferme.

Avec un cookie, le petit mot.


« N’hésite pas à pleurer et n’en n’aie pas honte. Verser des larmes, ça fait toujours du bien. Et ça restera entre nous. »

Mieux valait qu’il pleure ici qu’à la ferme, s’il voulait tant garder son image de dur. Et puis Rei était le meilleur pour ce qui était de garder un secret. Normal, quand on ne parlait pas.
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MessageSujet: Re: L'enfant et le boulanger [pv Rei] L'enfant et le boulanger  [pv Rei] EmptyMer 22 Mai - 17:52


Rei posa alors sa main sur ses cheveux, caressant cette broussaille rousse avec tendresse. Un frisson parcourut l’échine de Fioccolino qui ne s’était pas attendu à un tel geste de la part du jeune boulanger. Que lui disait-il, à travers ce mouvement tendre qui effleurait sa tignasse aux reflets dorées, que disait-il sans l’aide des mots ? Peut-être que ce n’était pas grave de pleurer. Peut-être qu’il ne fallait pas avoir honte. Peut-être, peut-être que tout irait bien.

Mais Rei crut bon de se servir des mots, tout de même, comme pour ne pas laisser de doute sur ce qu’il pensait des larmes d’enfants. Il lui présenta son calepin, sur lequel il avait griffonné :

« Je ne te demandais pas d’excuse, juste si ça allait. Ça arrive à tout le monde de saigner du nez, même aux hommes les plus forts. »

Rei souriait, encore. C’était réconfortant, comme la chaleur d’un rayon de soleil. D’ailleurs, dans « rayon », il y avait « rei ». Mais Fioccolino, aussi, se demandait. Où trouvait-il la force de sourire ? Est-ce que c’était difficile pour lui ? Est-ce qu’il souriait souvent malgré la tristesse diluée dans son regard ? Il ne sentait ni gêne ni tension dans ce sourire aussi vrai et généreux que les gâteaux que le boulanger fabriquait. Il se posait trop de questions, voilà tout. Lui qui souriait si peu, il se demandait d’où venait l’envie de sourire.

Mêmes les hommes les plus forts. Il n’était pas le seul, sûrement. Pourtant, on se moquait souvent de lui à ce propos à l’école. A cause de ça, et de plein d’autres choses. Les déguisements, les marionnettes, les masques même parfois. Sans parler des crises de nerf, des saignements, ou même des syncopes. Certains disaient qu’il en faisait trop, qu’il devrait avoir des soins particulier vu son « état ». Mais Rei ne faisait pas partie de ceux-là.

Et justement, il s’absenta un moment, tandis que Fioccolino dépliait ses jambes et essuyait les dernières larmes tenaces au bord de ses yeux. Il revint avec un cookie à la main, qu’il offrit à Fio avec un petit mot. Avant de le lire, le garçon sourit faiblement, étonné de l’attention que lui portait Rei. C’était sans aucun doute l’un des villageois les plus travailleurs de tout Espérance, pourtant il n’en demeurait pas moins bienfaisant. Fioccolino n’était pas habitué à cela, et d’ailleurs il n’était pas comme ça. Il n’était ni du genre à donner ni du genre à prendre, juste à rester dans son coin et faire ses affaires en adressant un regard aiguisé à quiconque l’approchait de trop près. Le comportement charitable et sympathique de Rei le plongeait dans la confusion. Mais ce n’était pas tellement désagréable.

Il lut le petit mot, le cookie toujours à la main.

« N’hésite pas à pleurer et n’en n’aie pas honte. Verser des larmes, ça fait toujours du bien. Et ça restera entre nous. »


Il avait confirmé ce que son geste avait évoqué dans l’esprit de Fio. Ça fait toujours du bien. On ne lui avait jamais dit cela. Pour lui, pleurer avait toujours été synonyme de fragilité, de mise à nu, et même de position de danger. Les larmes était à lui ce qu’était la blessure d’un gnou pourchassé par des lionnes. Sa faiblesse, sa tare, son ultime faille. C’était un moyen de l’attaquer, de l’abattre de manière certaine. Ça fait toujours du bien. Une idée bien surprenante. Mais aucun des mots de Rei ne mentait, ni son regard lorsqu’il se plongea dans celui, plus sombre, de Fioccolino, appuyant ainsi ces mots qu’il ne prononcerait jamais. Ils étaient sensés, tout de même. Lourds, lourds de sens !

Fioccolino, aussi, le crut lorsqu’il assura le secret. Le silence, Rei en était le maitre. Et quand bien même, Fio sentait qu’il pouvait lui faire confiance. Certes, c’était un enfant méfiant, trop méfiant, il ne donnait pas sa confiance si facilement. Mais juste à cet instant, dans ce cas précis, il savait. Ses larmes ne seraient sues que de lui et de Rei. De même que son malaise. Et c’était très bien comme ça.

Fioccolino commença à manger le cookie, par très petites bouchées. Il était délicieux. Il avait rarement mangé quelque chose d’aussi bon, d’ailleurs. Après en avoir grignoté la moitié, il enfoui le bout dans la poche de son short.

- Je garde le reste pour plus tard, expliqua-t-il.

Il se leva alors, ragaillardi par les paroles réconfortantes de Rei – et son cookie. Il était bien dommage que Rei n’eût pas vraiment d’ami, car il aurait fait un sacré copain. Etait-ce son silence qui intimidait les autres ? Fioccolino était bien content de ne pas avoir laissé le silence faire barrage entre lui et le boulanger. Sinon, il n’aurait jamais su que les larmes n’étaient pas comme la blessure d’un gnou pourchassé par des lionnes.

- Crois-tu que le gâteau est prêt, Rei ?

Il jeta un œil en direction de la salle aux fourneaux, et son regard tomba sur l’ensemble de petits paquets qu’il devrait rapporter à la ferme. En plus des cinq baguettes.

- Et Rei… Je veux bien le coup de main.


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MessageSujet: Re: L'enfant et le boulanger [pv Rei] L'enfant et le boulanger  [pv Rei] EmptyLun 27 Mai - 11:45

Le break continue, mais j’avais entamé la réponse avant de le faire donc je l’ai complétée pour pas te faire attendre trop longtemps. J’espère que ça te plaira malgré le fait que ça soit VRAIMENT maigre ><

Il y avait chez l’enfant quelque chose d’attachant. Peut être était-ce sa fragilité cachée sous ses airs de faux dur, peut être était-ce sa détermination à faire ce qu’il voulait jusqu’au bout, peut être était-ce juste parce qu’il était encore jeune, allez savoir. En tout cas, Rei se sentait empathique à l’égard du petit.

Le regard interloqué du flocon quand Rei lui donna le cookie était surprenant. Rei ne faisait rien de plus que prendre soin de lui tant qu’il était sous son toit, comme devait le faire n’importe quel autre avec ses invités. Alors pourquoi cet air étonné ?

Le petit mangea finalement son cookie à moitié, visiblement l’air d’aimer ça, puis rangea le reste dans sa poche.


« Je garde le reste pour plus tard. »

Le boulanger hocha la tête. Le petit pouvait faire ce qu’il voulait de son cookie, c’était le sien désormais.

« Crois-tu que le gâteau est prêt, Rei ? »

bonne question… Rei se dirigea vers la cuisine pour vérifier quand le petit l’interpela à nouveau.

« Et Rei… Je veux bien le coup de main. »

Le boulanger sourit et hocha la tête avant de s’en aller dans la cuisine. Le fumet du gâteau embaumait l’air. Le boulanger observa à travers la vitre du four et constata que le gâteau était cuit… tout juste cuit, mais ça fera l’affaire et il refroidira plus vite en arrivant sur place. Le jeune homme sortit la pâtisserie et l’emballa avant de tout ranger dans des sacs en plus des baguettes et rejoignit l’enfant. Il lui fallait juste poser la pancarte de fermeture exceptionnelle et verrouiller la boulangerie et ils pourraient aller à ferme de Bird faire la livraison.
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MessageSujet: Re: L'enfant et le boulanger [pv Rei] L'enfant et le boulanger  [pv Rei] EmptyMar 28 Mai - 11:34


Rei avait emballé le gâteau dans l’emballage. Fioccolino n’avait pas eu le temps de le voir, aussi il ignorait si son précieux petit oiseau était dessus. Il le découvrirait bien assez tôt… Il se sentait un peu faible, comme toujours lorsqu’une trop grande foule d’émotions l’avait assailli. Le malaise, l’embarras, la tristesse, et puis l’étonnement, le réconfort, devant l’attitude fraternelle du boulanger à son égard.
Une fois le gâteau empaqueté, Rei incita Fioccolino à sortir de la boutique. Ils étaient fort chargés, l’un comme l’autre, entre le gâteau de Bird, les petites pâtisseries des autres enfants, les 5 baguettes que Rei n’avait pas oubliées… Fio avait été bien inconscient de penser qu’il pourrait s’en sortir tout seul !

Ce fut à pied qu’ils parcoururent la distance qui les séparait du Foyer. Les bras pris, Fioccolino ne pouvait se charger de son vélo, qu’il abandonna devant la boulangerie en attendant de venir le reprendre. Rei et lui marchaient d’une cadence soutenue, et pendant la majeure partie du trajet, seul les bruits de la nature venaient percer le silence. Des piaillements d’oiseaux, des crissements de sauterelles, et l’éternelle complainte du vent… Fioccolino se sentait bien mieux en ce lieu que dans les rues pavées qui sillonnaient le bourg. Pour lui, la nature était rassurante.

Il se demandait si Rei parcourait souvent les étendues d’herbe et les chemins sinueux qui séparaient la ville de la ferme. Manifestement, il ne sortait guère de sa boutique, et n’avait d’autre occupation que la fabrication de son pain. En plus d’être silencieux, le jeune boulanger était solitaire et replié.

La cargaison était bien lourde, et les bras de Fioccolino n’étaient pas si vigoureux que ceux de Rei, bien que son travail à la ferme l’eût rendu assez robuste. Des gouttes de sueur perlaient sur son front, qu’il ne pouvait épancher puisque ses mains étaient prises. Sa respiration était de plus en plus saccadée. Mais il ne fit aucune remarque et n’exprima aucune plainte, ce n’était pas son genre. L’effort n’était jamais trop dur pour Fioccolino. Et il ne voulait pas montrer signe de faiblesse ou d’essoufflement devant Rei.
Une question, cependant, lui occupait l’esprit. Après une petite hésitation, il finit par demander :

- Toi aussi Rei, tu pleures parfois ?

Il n’osait pas tourner la tête vers son compagnon, de peur de voir une forme d’agacement tendre ses traits. Peut-être que ce n’était pas bien poli de poser ce genre de questions. Mais après tout, n’était-ce pas lui qui lui avait dit que les hommes les plus braves pleuraient ? Une autre question lui vint en tête en prononçant le nom si original du boulanger.

- Et ton nom, d’où vient-il ? C’est toi qui l’a choisi ?

Une fois arrivés à la ferme, Rei s’éclipserait discrètement et retournerait à son ouvrage, Fioccolino lui resterait au Foyer. Il n’aurait guère plus l’occasion de se sentir si proche du jeune boulanger et de lui poser ces questions, qui étaient somme toute très personnelles. Intimes, même. Il voulait en profiter, avant qu’ils ne se quittent. Après, peut-être que le silence de Rei deviendrait trop intimidant pour lui. On ne savait jamais.



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MessageSujet: Re: L'enfant et le boulanger [pv Rei] L'enfant et le boulanger  [pv Rei] EmptyVen 31 Mai - 12:36

Chacun portait sa charge, Fiocco ayant plus de mal que Rei. Autant le boulanger avait atteint l’âge adulte, son corps plus développé endurait mieux la charge que le petit. Comme ils avaient les bras chargé, ils durent laisser derrière eux le vélo. Fioccolino n’aura qu’à revenir le chercher après.

Les seuls bruits qui vinrent troubler leur marche fut ceux de la nature. Le bruissement des feuilles dans le vent, le piaillement des oiseaux, le grincement des criquets… et la respiration fatiguée de Fioccolino. Le pauvre avait du mal avec sa charge, mais Rei était déjà surchargé… et puis le petit ne se plaignait pas, remarque, il endurait son labeur et c’était tout.


« Toi aussi Rei, tu pleures parfois ? »

Rei tourna la tête vers le petit, un peu interloqué par la question. Evidemment qu’il pleurait, parfois… surtout dans le reflet en fait. Le boulanger envisagea de prendre son carnet dans sa poche avant de se rappeler qu’il avait les bras surchargé. Donc il se contenta de répondre d’un hochement de tête, mais Fioccolino ne le regarda pas. Comment lui répondre alors ?

« Et ton nom, d’où vient-il ? C’est toi qui l’a choisi ? »

Une autre question assez intrigante à laquelle Rei n’avait jamais réfléchi. Il venait de sa vie avant son arrivée à Espérance, ça c’était sur, il n’a pas choisi son prénom. C’étaient donc ses parents, à priori… et d’où il vient… bonne question…

Le boulanger tourna la tête vers le petit… comment lui répondre sans carnet ? Un haussement d’épaule, ça serait trop vague… alors comment ? Il allait attendre d’être arrivé à la ferme pour lui répondre, s’il se rappelait qu’il devait lui répondre…

Que fera-il une fois arrivé la bas ? Déjà distribuer les gateaux avec le petit, voir avec Bird pour le paiement, dire au revoir à Fioccolino et rentrer, tout simplement. Il devait encore tenir la boutique.

C’est sur qu’avec sa boulangerie, Rei ne sortait pas énormément, surtout qu’il ne connaissait presque personne dans le village car presque personne ne prenait le temps de lui parler. Il allait faire ses courses à l’épicerie, chercher la farine directement au moulin et… c’était tout. Oui, il était seul, un être de solitude… c’était sa vie…
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MessageSujet: Re: L'enfant et le boulanger [pv Rei] L'enfant et le boulanger  [pv Rei] EmptyDim 2 Juin - 19:25


Fioccolino s’aperçut de sa bêtise et eut un petit rictus. Rei ne pouvait utiliser que son carnet – et par extension, que ses doigts – pour s’exprimer. Et ses bras chargés ne lui permettaient pas d’employer son précieux carnet. Un peu embarrassé, Fio continua de marcher en baissant légèrement la tête, espérant que le boulanger ne se formaliserait pas de sa maladresse.

Peu avant qu’ils n’arrivent à la fermette, Fioccolino se tourna vers lui et dit avec un sourire timide :

- Quand on arrivera, tu me diras si ton prénom te plait. Et ce à quoi il te fait penser.

Ils voyaient droit devant eux les contours du Foyer. Quelques enfants étaient déjà dehors, en attendant que les plus grands les aident à préparer leur petit déjeuner. Ils ne savaient pas que ce petit déjeuner était déjà en route ! Sans quitter des yeux la ferme, Fioccolino poursuivit :

- Moi, il me fait penser au mot « rayon ». Et aussi au mot « roi ». Tu ne sais pas pourquoi on t’a nommé ainsi ? Car ce n’est pas commun.

Il réfléchit et dit encore :

- En même temps, les noms ordinaires sont rares ici. Moi, je sais même pas pourquoi Bird m’a appelé Flocon. Il me semble que je n’ai jamais connu d’autre nom. Pourtant, c’est sûr, je devais bien en avoir un autre avant…

Ils étaient arrivés. Ils traversèrent la cour sous le regard intrigué des autres enfants. Fioccolino précéda le pas de Rei avant d’entrer dans la maison pour gagner la salle à manger. C’était une pièce vaste et généralement très chaleureuse. Fioccolino posa sa cargaison sur la table, prenant soin de ne pas bousculer les paquets renfermant les pâtisseries. Personne n’était encore là, la plupart des pensionnaires étaient encore dans les chambres ou affairés dans les salles de bain.

- Nous sommes pile à l’heure, annonça-t-il à Rei qui l’imita en déposant son chargement sur la table.

Il ajouta avec un petit embarras :

- Je sais que je t’ai posé beaucoup de questions toute à l’heure. Mais tu n’es pas obligé de répondre. Je demandais ça comme ça. Des fois je me pose des questions sur l'Avant. Pas toi ?

Il vit tout de même Rei sortir son précieux calepin. Au fond, Fioccolino se serait presque habitué à ce monde de conversation peu banal.


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MessageSujet: Re: L'enfant et le boulanger [pv Rei] L'enfant et le boulanger  [pv Rei] EmptyLun 3 Juin - 9:05

Pauvre Fiocco… Rei aurait bien aimé lui répondre de manière plus Claire que de simples mimiques faciales, mais il ne pouvait pas… il n’en avait pas le courage. Le petit ne semblait pas avoir réfléchi à ce problème, le boulanger ne lui en voulait pas. Il était jeune, il ne pouvait pas penser à tout… et même lui oubliait souvent des détails qui avaient pourtant une certaine importance.

« Quand on arrivera, tu me diras si ton prénom te plait. Et ce à quoi il te fait penser. »

Le boulanger acquiesça alors qu’ils approchaient de la ferme. Il avait quand même de drôle de questions. Evidemment que son prénom lui plaisait, mais à quoi pourrait-il lui faire penser ? Rei, c’était Rei, tout simplement… non ?

« Moi, il me fait penser au mot « rayon ». Et aussi au mot « roi ». Tu ne sais pas pourquoi on t’a nommé ainsi ? Car ce n’est pas commun. »

Roi ? C’était peut être un peu trop prétentieux comme appelation, non ? Et rayon… rayon de soleil ? Rei n’était pas vraiment un soleil, juste… Rei… une personne séquestrée dans une cage d’ombre, privé de la chaleur d’une compagnie quelconque et permanente, une solide serrure de mutisme le séquestrant… oui, c’était tout ce qu’il était… une bête en cage.

« En même temps, les noms ordinaires sont rares ici. Moi, je sais même pas pourquoi Bird m’a appelé Flocon. Il me semble que je n’ai jamais connu d’autre nom. Pourtant, c’est sûr, je devais bien en avoir un autre avant… »

Tiens, c’est vrai ça ? Pourquoi Flocon ? Blanche avait appelé Rei « petit blanc » à cause de la farine qui le recouvrait le jour de leur rencontre, mais pourquoi Fioccolino était Fioccolino ? Pourquoi un flocon ? Il neigeait le jour de leur rencontre ? Il était petit et froid comme un flocon ? Non franchement, Rei ne voyait pas.

Les voilà à la ferme. Des enfants étaient déjà dehors et observait l’étrange duo se frayer un chemin jusqu’à la salle à manger où ils déposèrent leur cargaison.


« Nous sommes pile à l’heure. »

Le boulanger lui répondit par un sourire, sortant son calepin. Il avait des réponses à donner, même s’il ne s’était pas encore décidé pour dire ce à quoi lui faisait penser son prénom.

« Je sais que je t’ai posé beaucoup de questions toute à l’heure. Mais tu n’es pas obligé de répondre. Je demandais ça comme ça. Des fois je me pose des questions sur l'Avant. Pas toi ? »

Le boulanger sourit et entama une longue réponse, peut être la plus longue qu’il aie rédigé depuis qu’il était là.

« Ce n’est pas grave, ça ne me dérange pas de faire la conversation. Ca doit être toi le plus dérangé dans l’histoire. Ca doit être pénible d’attendre que je rédige chaque réponse. Pour répondre à tes questions, je préfère ne pas me poser trop de question sur l’Avant, je laisse le passé où il est et je me tourne vers l’avenir. J’aime bien mon prénom mais j’avoue que j’ai jamais songé à me demander à quoi il me faisait penser. Je suis loin d’être un roi, sauf dans ma boulangerie et pour les rayons, ça ne me dit pas trop. Je suis Rei, c’est tout. C’est mon prénom et je l’aime bien tel qu’il est, peu importe d’où il vient et ce qu’il signifie. »

Il sourit et lui tendit finalement le bout de papier, attendant la réponse alors que la ferme se réveillait petit à petit.
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MessageSujet: Re: L'enfant et le boulanger [pv Rei] L'enfant et le boulanger  [pv Rei] EmptyLun 3 Juin - 17:04


Fioccolino mit un moment à lire le long message que Rei venait de lui rédiger. C’était étrange comme ce qu’il disait contrastait avec l’image qu’il donnait. A travers ses mots griffonnés sur son calepin, on pouvait penser que Rei était un garçon très équilibré, et même un peu distant avec les choses qu’il ressentait. Très raisonnable, très raisonné – à l’inverse de son présent interlocuteur. Pourtant, en se plongeant dans son regard, on avait l’impression de voir un écorché vif. Etrange paradoxe, un peu troublant pour l’enfant Flocon.

Fioccolino, sans savoir trop pouquoi, enfouit le papier dans sa poche de derrière. Puis, il dit en réponse, d’une voix très calme, presque douce :

- Je comprends, Rei. C’est très bien comme ça. Et ce n’est pas pénible.

Il réfléchit à son propre nom à nouveau, en se demandant si l’indifférence de Rei était un exemple. Lui-même ne réfléchissait guère à la provenance de son prénom, qui était pourtant peu conventionnel. Mais son esprit était plus curieux que celui de Rei, qui avait l’air de se contenter de ce qu’il savait et connaissait. C’était bien étonnant que le boulanger ne s’interrogeât même pas sur l’origine de son appellation, ou même sur la personne qui lui avait donnée. Mais les questions s’étaient montrées assez nombreuses et intrusives pour aujourd’hui, et elles devaient prendre fin à présent.
Il lui sourit un peu à son tour, avant de regarder le festin qu’ils avaient amassé sur la grande table.

- Cela fera un beau repas, n’est-ce pas, Rei ? Tu peux m’aider à préparer ?

Rei accepta bien évidemment, et cela sans un haussement de sourcil. La serviabilité semblait être une valeur essentielle du jeune homme, au même titre que le silence. C’était, d’ailleurs, peut-être un autre moyen de communiquer avec les autres, d’entrer en lien avec eux. Une main tendue valait bien un mot lâché. Et Flocon, ça lui convenait. Ça lui convenait presque mieux.

Leur collaboration pour le dressage de table fut aussi fructueuse et efficace que pour la préparation des gâteaux. Rei s’occupait de disposer les pâtisseries tandis que Fioccolino, qui connaissait bien l’emplacement des couverts, mis la table avec beaucoup de minutie.

Tout était prêt. De plus en plus d’éclats de voix se faisaient entendre à l’étage, témoignant de l’éveil des jeunes pensionnaires du Foyer. Les enfants déjà dehors ne tarderaient pas à rentrer à leur tour. Quelle ne serait pas leur surprise en apercevant que Fioccolino, l’enfant bizarre et solitaire qui ne disait jamais rien, avait préparé – certes avec un peu d’aide – un alléchant petit déjeuner ! Il y avait un gâteau pour Résine, un gâteau pour Narcisse, un gâteau pour Lachlan et Taima même s’il ne les connaissait guère, un gâteau pour Nonna et Aaron, avec qui il avait déjà partagé des repas, et même un pour Hyo qui l’effrayait un peu. Et bien sûr, un très beau gâteau pour Bird. Fioccolino était lui-même troublé par cet élan de joie qu’il ressentait à l’idée de faire plaisir à ses camarades. Cela ne lui ressemblait pas pourtant ! Ou alors, il avait fallu cette journée, ce labeur, ces petites épreuves, pour s’en rendre compte. Quel jour étrange, quel jour mémorable, quel jour important… Il se demandait si Rei le comprenait. C’était un peu grâce à lui, quand même.

- Rei. Veux-tu rester avec nous pour déjeuner ?


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MessageSujet: Re: L'enfant et le boulanger [pv Rei] L'enfant et le boulanger  [pv Rei] EmptySam 8 Juin - 14:16

Les yeux du petit garçon parcoururent de long en large le message pendant un moment qui semblait durer éternellement. Rei attendit patiemment qu'il aie fini avant que finalement Fiocco se décida à répondre.

« Je comprends, Rei. C’est très bien comme ça. Et ce n’est pas pénible. »

Le boulanger sourit au petit. C'était un brave gamin, mais Rei se doutait bien qu'il devait malgré tout souffrir de ce manque de communication. Au moins n'insistait-il pas sur l'origine du prénom de Rei et ce à quoi il faisait penser.

« Cela fera un beau repas, n’est-ce pas, Rei ? Tu peux m’aider à préparer ?  »

Le jeune homme hocha la tête et l'aida, tout naturellement. Quand ils eurent fini, la totalité du Foyer fut éveillé, laissant présager le début du festin.

« Rei. Veux-tu rester avec nous pour déjeuner ?  »

Rester ? Il ne savait pas trop. Ce n'était pas aussi courant qu'il soit avec autant de monde... et puis tout le monde parlerait et lui serait bien incapable de faire la conversation, ça risquat d'en assomer plus d'un d'attendre qu'il rédige ses messages. D'un autre côté, il devait voir Bird pour se faire payer au moins les ingrédients utilisés pour les gateaux (moins celui qui a été ensanglanté). Bon, il pouvait bien rester manger un peu, ne serais-ce que pour faire plaisir au garçon. C'est pourquoi il finit par hocher la tête avec un éternel sourire. Il n'avait pas de gâteau pour lui, mais il devait bien y avoir du café quelque part, ça lui conviendra.
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MessageSujet: Re: L'enfant et le boulanger [pv Rei] L'enfant et le boulanger  [pv Rei] EmptyMar 11 Juin - 18:55


Fioccolino vit Rei hésiter un moment avant de se décider. Pendant un instant, il crut vraiment que le boulanger allait refuser sa proposition. Rei était mal à l’aise en société, et même si le Foyer était l’endroit idéal pour ceux qui se sentaient à part et effrayés, le jeune homme n’avait pas l’habitude d’être ainsi entouré. Ne connaissant que la solitude de sa boutique, c’était certainement la première fois qu’il se mettait à la table de la fermette. Pourtant, ce fut avec un sourire réjoui qu’il répondit à la proposition de Flocon.

Que, d’ailleurs, ce dernier échangea, car il était bien content de présenter leur travail aux autres pensionnaires. Il savait qu’ils n’en croiraient pas leurs yeux. Il était heureux, aussi, d’offrir à Rei l’opportunité d’être connu autrement que comme un commerçant. C’était avant tout un enfant – un grand enfant, oui, mais un enfant – d’Espérance, comme eux.

Les petits fermiers descendirent progressivement les marches des étages jusqu’à arriver dans la salle à manger, et ceux qui étaient dehors, attirés par le festin, les rejoignirent aussi prestement. Fioccolino, le petit colérique instable et farouche, prenait un tout nouveau rôle. Ce fut l’une des rares fois où il se sentit fier. Fier de lui, de ce qu’il avait fait, fier de l’image qu’il offrait à ses camarades.

Il était fier, aussi, fier d’avance de ce que Bird découvrirait de lui. Mais déjà, il entendait les pas du directeur, qu’il reconnaissait entre tous. Il s’apprêtait à voir tout ce que les deux garçons s’étaient œuvrés à fabriquer pour eux. Fioccolino ne réalisait pas que Bird aurait certainement à payer pour ce banquet. Pour lui, la surprise était parfaite. C’était presque lui, l’oiseau.

La sentiment de joie incroyable qu’il ressentit en voyant les mines réjouies de ses camarades l’étonna lui-même tant il était pur et intense. Avant de goûter lui aussi aux appétissantes pâtisseries qui jonchaient la table, il lança un dernier coup d’œil à Rei, dont les yeux brillants et le sourire élargi témoignaient du même sentiment. Aucun d’eux n’eut besoin de mot pour communiquer leur allégresse.


FIN



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L'enfant et le boulanger [pv Rei]

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