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.Space March Hare. [Lièvre de Mars]

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MessageSujet: Re: .Space March Hare. [Lièvre de Mars] .Space March Hare. [Lièvre de Mars] - Page 2 EmptyDim 18 Nov - 16:39

La chaleur devînt apaisante, comme une chaude caresse sur la peau nue. A cette heure où les rues se vident, les âmes rejoignent leur familles pour partager les joies d'une journée terminée. Sur notre terrain, seuls quelques moineaux innocents osent approcher nos jeunes silhouettes. Nous. L'un décorée d'instrument sinistre, l'autre portant la rousseur du diable. Il a suffit d'une ouverture, d'une bouffée d'air, d'un rapprochement, pour que mes mains ne soient plus armées.
Résine avait prit en compte ma proposition et je m'intriguais, à présent, du voeu qu'elle allait formuler. Elle semblait hésitante, cherchant des yeux une idée qui aurait pu se glisser dans sa tête. Une idée qui aurait pu se nicher dans sa chevelure, se blottir entre ces mèches rousses.

- Hum... N'avez-vous pas une fable à me raconter ? J'aime entendre votre voix.

Une proposition plaisante, bien que surprenante. Une fable... En connaissais-je? N'étais-ce pas ces cours poèmes que j'avais trouver, par mégarde, dans un recueil de la bibliothèque. Sa couverture était d'un vert sombre et écailleux dont le titre sortait en fil argenté. Un beau recueil dont le contenu ne m'avait guère plu à cause de son côté trop moraliste. Je l'avoue, le brûler était tentant mais, sa reliure m'avait charmé et l'état de cendre ne lui aurait pas convenu. Donc, non, je ne connaissais pas de fable. J'aurais pu réciter bien d'autres histoires, les ayant lu tant de fois: Mein Kampf ou encore L'art de la Guerre mais, ce n'était pas cela que Résine souhaitait. Rien ne me venait à l'esprit.
Pourtant, il y a une histoire que je connaissais bien, la seule qui peut s'apparenter, a priori, à de la poésie...

- Je n'aime pas les fables. Est-ce qu'une chanson exaucera quand même ton voeu ?

Un magicien déchu car le lapin s'est trouvé mort...
Ma voix n'avait rien de comparable avec celle de Résine. La sienne flottait dans les airs comme le parfum d'un lendemain de pluie. Ses paroles se tintaient de sucre sur les voyelles et en fin de phrase elles chutaient tel un murmure. La mienne pouvait correspondre a celle d'un vieille homme qui avait passé sa vie a fumer. Enraillé, rauque, inaudible, elle rappelait celle du corbeau ou du crapaud. Alors, je ne voyais pas comment Résine pouvait s'en trouver charmé... Ne voulant l'avouer, le Lièvre fut touché et se mit à chanter...

Je suis le père d'une dizaine d'enfants
J'ai crée 100 000 sabres
Prêter main forte, amitié durable, combats serieux,
Je t'aiguise, je t'aime,
Le plus résistant gagnera.

Le bout de ta lame est si pointu
Qu'en t'embrassant je me suis coupé la langue.
Si je te serre dans mes bras, je serai en sang et j'irai directement dans l'au-delà.
Je t'aiguise, je t'aime,
Le plus résistant gagnera.
Je t'aiguise, je t'aime,
Quand j'ai embrassé mon sabre, ma langue a été coupée.


Un moment hors du temps, un secret partagé entre deux silhouettes.
Sans m'en rendre compte, je l'avais regardé tout le long. La fixant de mes yeux vitreux, laissant simplement passé la fin des paroles de cette chanson. Il n'en fallait pas plus. L'atmosphère d'un soleil en déclin, une ville silencieuse, le froissement des feuilles du cerisier. Je pense que je suis mort.
Sinon, quelle explication pourrais-je donner? Je respire enfin! C'est dérangeant, hors de mes habitudes, ... aurais-je peur?

C'était à mon tour d'énoncer mon voeu. Que pourrais-je lui demander? Rien de personnel, cela ne m'interesse pas. Elle est ce qu'elle veut montrer d'elle, le reste je m'en fout.

- euh... vais-je vraiment osé? Promets moi que l'on se reverra... non je ne le dirais pas. Racontes moi une histoire.
Résine
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MessageSujet: Re: .Space March Hare. [Lièvre de Mars] .Space March Hare. [Lièvre de Mars] - Page 2 EmptyMar 20 Nov - 19:38

« Étonnants voyageurs ! quelles nobles histoires
Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers !
»
C. Baudelaire.
________________________________________________________________________________

« Je n'aime pas les fables. Est-ce qu'une chanson exaucera quand même ton voeu ? »

Résine se sentit idiote. Enfin, un peu plus que d'habitude. Elle jugea soudain tout le ridicule de sa demande, tout sa bêtise enfantine. Le Lièvre n'avait de rapport aux fables que son nom ; elle aurait dû tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant d'énoncer son souhait. Et même s'il proposait une alternative sans une once de moquerie, elle ne put s'empêcher de constater son erreur. Puis le garçon fit de nouveau entendre sa voix, une voix qui effaça la honte de la rouquine et les relents de regret qu'elle avait ressenti la seconde auparavant.
Elle ne se souvint pas avoir entendu quelque chose d'aussi tranchant. Quand, assise sur les chaises molletonnées de la bibliothèque, elle tentait de retenir des vers de Ronsard, le nez en l'air et le cou tendu qui tremblait lorsqu'elle bougeait les lèvres en une récitation muette. Quand, allongée sur le parquet de sa chambre, elle passait son doigt sur les minuscules échardes du bois et que l'éclat invisible faisait perler une goutte de sang à l'extrémité de sa phalange. Quand, occupée à trancher fruits et légumes dans la cuisine, elle était prise d'un élan colérique qui lui donnait envie de chanter avec un timbre grave, guttural, et de planter son couteau dans une pomme en tournant sur elle-même. Quand, enfin, elle éteignait la lumière et qu'au fond de son lit, dans la mollesse paisible de son oreiller, le froid lui mordait l'épaule et qu'elle pensait que c'était quelque morsure agréable. Une fois de plus, mais avec un talent jusqu'alors insoupçonné, le Lièvre démontrait son étrange hybridité. Écouter le récit d'une guerre, les râles des soldats à terre, leurs carcasses ouvertes aux becs voraces des corbeaux, avec les sonorités d'une déclaration d'amour, la douceur d'une sanglante vérité qui en devient belle, belle par ses images, par ses oppositions, par la force du langage. Si le garçon avait fixé la rousse durant sa déclamation, elle avait fini par fermer ses yeux pour mieux s'imprégner du phrasé. Je t'aiguise, je t'aime. Et la langue qui tombe d'une étreinte interdite, sanguinaire. Parce qu'on n'embrasse jamais sans y perdre ses mots, sans y oublier un peu de son âme.
Il n'y avait rien à dire. Résine recouvra sa vue mais ses cordes vocales restèrent immobiles. Il n'y avait rien à dire. Le temps avait glissé en silence, presque mesquin, mais elle s'en foutait. La poésie est une perte de temps, ce n'est pas nouveau. Elle en avait déjà perdu tant depuis qu'elle était ici et n'en retirait aucun sentiment de culpabilité. Que le temps passe encore et encore, si c'est pour écouter ce chant de sirène. Qu'il passe et qu'il emporte tout, s'il demeure quelques vers dans un coin que l'on peut retenir et réciter jusqu'à la fin de notre vie. De nous ou du temps, le plus résistant gagnera.

Ce fut le Lièvre qui mit un terme à ce moment atemporel.
« Raconte-moi une histoire. »
Juste retour des choses. N'avait-il pas dit qu'il n'aimait pas les fables ? Quelle histoire voulait-il entendre ? La gamine s'en trouva embarrassée, bien qu'elle n'en montra rien. Jamais elle n'avait eu à conter des histoires aux plus jeunes du Foyer ; jamais on ne lui en avait récité. Elle n'en connaissait pas des tonnes, de surcroît. Et puis surtout, quel genre d'histoires aiment les garçons ? C'est une histoire de fille, les fables, les garçons sont censés préférer les récits d'aventures, les actes héroïques et les destins qui transcendent l'existence. Résine ne connaissait que des histoires anodines, d'Andersen à Perrault, d'Amphytrion à Zénon d'Élée en passant par la princesse Kaguya et le Petit Chaperon rouge. Rien de très valeureux. Néanmoins, elle ne pouvait pas faire semblant ou inventer quelque chose sur la minute. « Allons nous asseoir... » souffla-t-elle, certaine que le récit prendrait plus qu'un petit moment. Le banc était toujours là, tiède et brillant dans la lumière tombante. Elle vint s'y asseoir suivie du Lièvre, légèrement mal à l'aise d'envisager que son histoire ne lui plaise pas. Toutefois, faire marche arrière n'était plus une option disponible. Elle n'aurait pas grand-chose à perdre, à peine un peu de salive au profit de gerçures sur les lèvres. À part ses habitudes de mutisme persistant. Alors elle commença, s'efforçant de parler d'une voix distincte, vivante, relatant ce récit qu'elle avait lu plusieurs mois auparavant mais dont la force et la beauté demeuraient intactes, ancrées au plus profond d'elle-même.

« Je me souviens d'une histoire qui se déroule il y a bien longtemps de cela, dans un pays de neige et de montagnes. Chaque année à l'approche de l'hiver, alors que les sapins se couvraient des premiers flocons, un Loup descendait de nulle part jusque dans la vallée et emportait avec lui un jeune homme, celui dont l'âme serait la plus fière et la plus vaillante, celui qui aurait la force de lui résister jusqu'à la mort. Parce que le Loup était joueur, il ne cherchait en vérité qu'un être pour lui tenir tête et l'amuser. Il voulait comprendre, dans ce pays de glace et de froid, pourquoi les hommes désiraient-ils tellement vivre, pourquoi conservaient-ils cet espoir aux heures les plus blanches et aux soirs les plus sombres. Il voulait comprendre la vie, lui qui n'avait jamais connu que la désolation des reliefs enneigés.
Njål, parce qu'il était le plus courageux des garçons de son village, savait que le Loup viendrait le chercher cet hiver-là. Il s'y était préparé et, plutôt que d'attendre l'animal, il avait voulu le devancer. Aller au-delà du danger et lui aussi tenter sa chance en défiant le Loup ; c'était quelqu'un de brave, mais sa fougue prenait parfois le pas sur la sagesse. Il sella alors son renne et partit, contre l'avis de son père qui avait besoin de bras pour l'aider au village, contre l'avis de sa mère qui voyait s'enfuir son fils tant aimé.
Il traversa les vaux et les monts, emmitouflé dans ses fourrures. Ne rencontra personne durant des lieues ; seuls le guidaient son instinct et les rares empreintes du Loup dans la neige. Dans les arbres, les craquements des branches restaient l'unique son qu'il pouvait entendre si loin du monde. Puis, enfin, il parvint à la tanière du Loup, toute ornée de buissons aux feuilles hérissées de pics. La Bête était là et ils se regardèrent longtemps. Dans ce pays blanc et bleu, ils s'observèrent pendant de si longues heures que le temps lui-même s'arrêta pour contempler leurs regards immobiles. Puis ils se jetèrent l'un sur l'autre, s'accrochèrent dans les bosquets acérés, luttèrent à vie et à mort.
Dans le village, l'on vit revenir le renne de Njål avec, entre ses dents, une branche de houx. Parmi le feuillage vert, le sang avait laissé des traces pourpres qui brillaient encore au soleil. On ne sut jamais ce qu'il était advenu de Njål, mais on n'entendit plus jamais parler du Loup. Et depuis ce jour, à l'approche de l'hiver, les ramures des houx se parent de baies rouges, semblables à des gouttes de sang.
»

Résine s'interrompit. Elle avait la gorge sèche. Durant tout son discours, elle avait regardé droit devant elle, car le ciel d'été était si différent des cieux hivernaux, et pourtant ils partageaient la même magnificence dont elle aimait s'abreuver. Elle espéra que l'histoire n'aurait pas jeté un froid, qu'elle avait bien raconté, que le Lièvre ne s'était pas ennuyé, quand bien même il n'avait rien dit durant plusieurs instants.
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MessageSujet: Re: .Space March Hare. [Lièvre de Mars] .Space March Hare. [Lièvre de Mars] - Page 2 EmptyDim 6 Jan - 18:20

-Allons nous asseoir...

Car les histoires, aussi courtes soient-elles, ne peuvent être racontées debout. Il faut prendre du temps, oublier les prévisions futurs et s'abandonner, ici, à l'instant. S'abandonner dans un flot de mots. Vous n'avez pas le temps? Alors vous ne l'aurez jamais. Un chant, un poème, une histoire, il faut leur laisser du temps. Le temps de sa préparation: comme un raclement de gorge, un léger toussotement, ou bien, un déplacement en direction d'une place plus confortable. Ce que l'on fit. Nous nous assîmes à nouveau à l'ombre du cerisier, laissant le terrain derrière nous, sans regret.
Ensuite vînt l'histoire. "Je me souviens..." Elle se souvient... avant ou après Espérance?
Je me tus. M'imprégnant de la fièvre du pays de neige. Ecoutant la bravoure de Njål. M'imaginant le Loup, au chaud, au fond de sa taverne. Sa respiration traînante, soulevant lourdement sa poitrine. Son souffle acide, caressant ses poils rêches. Puis un réveil brutal.
Je fronça les sourcils. Comme si l'on m'avait moi même sortit d'une longue léthargie.
Mais, dans son histoire, il y eut un silence respectueux entre les deux héros. Un long, long silence. Qui me fit comprendre qu'ils savaient.
Ils savaient que se serait un soir de deuil. Sans lendemain.
Puis le combat final. Digne d'avoir traversé les âges.
Aucun vainqueur.
Fin de l'histoire.

Je me tenais droit, les fesses au fond du banc, les jambes parallèles, les pieds sur terre. Je fixais le ciel, moi aussi. Je tentais de m'imaginer ces monstres neigeux que sont les montagnes. A quoi ressemble les branches de houx qui les parsèment? Aucun souvenir. Pas même petit.
Secrètement, j'espérais mourir dans un combat semblable à l'histoire de Résine. Un combat de respect entre âmes braves. Un combat sans lendemain. Cela me fait rêver! Plein d'espoirs, mes yeux scintillent derrière ces vitres noires. Vitres noires... c'est vrai, mon masque. Je baissa la tête, honteux. Honteux d'avoir rêvé d'Impossible. Cela sonnait faux.
Les yeux fixé au sol, je chuchota à moitié pour moi-même:

- C'est une histoire triste. Pause. Est ce que tu te sens triste?

Je tourna la tête vers Résine, lui offrant mon masque comme reflet. Es-tu triste? Fouille dans le peu de souvenirs qu'il te reste. Ne pense tu pas qu'il nous manque quelque chose? Une case? Sommes nous fous? Es-tu bien réel Résine? Est-ce que je te semble réel?

    Puis une brise souleva ta chevelure, je m'en souviens. Elle emportas un peu de ton parfum pour se déposer devant mon nez. L'odeur rousse d'un vieux souvenirs. Tu sentais la Fleur du Mal. Celle qui pousse sur l'asphalte gelé, révélant un brin de soleil.
    Dans ce qu'il me reste de mémoire je n'oublierais pas.

Le soleil déclinait peu à peu, lentement... comme la respiration du Loup. Il faisait toujours chaud mais ma tête ne tournait plus.
Qu'allons nous faire la nuit tombée? Va t'elle resté ici, sur ce banc?

- Il va faire nuit.

Elle l'avait sûrement remarqué. J'appréhendais le ciel noir, m'attendant à ce que Résine se lève et parte à tout moment. Et alors? me chuchotais une petite voix, ne t'appelles-tu pas Lièvre de Mars?! T'es un soldat, que fais-tu sur ce banc a flemmarder comme une p'tite bête domestique? Tu vas te faire bouffer! Casse-toi! Je regardais Résine. Je devais faire un choix: noir ou blanc? Merde... je ne sais plus lequel est blanc.

Je ne partis pas. Collé au banc. J'écoutais Résine.

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MessageSujet: Re: .Space March Hare. [Lièvre de Mars] .Space March Hare. [Lièvre de Mars] - Page 2 EmptyDim 13 Jan - 18:15

« Haut sur les peupliers, la lune vénérienne
A des spleens graves, et, phosphorique, le noir
»
R. Ghil
_______________________________________________________________

Triste ? Est-ce que cette histoire était triste ? Résine n'y avait jamais réfléchi. Raconter le récit, le lire comme elle l'avait fait jadis n'avait pas serré son coeur. Si elle était triste désormais, ce n'était pas dû à cette fin sanglante, lors de laquelle les deux camps veillent chacun leur mort et pleurent leur valeureux combattant ; c'était de voir ce ciel aux lueurs d'apocalypse et de devoir se dire qu'il faut rentrer maintenant, qu'il faut abandonner sa précieuse connaissance au profit d'autres, peut-être moins intéressantes et moins enclines à partager un moment de poésie. La rouquine serra ses doigts, baissa la tête. Elle savait qu'il y aurait toujours une fin, aux histoires comme aux rencontres, et le souvenirs que l'on en retire nous accompagne jusqu'au prochain face à face. C'est pourquoi il n'y a pas de honte ou de gêne à ressentir à l'idée d'être peiné par un au revoir. Ils se reverraient, peut-être, sûrement. Mais sans doute y avait-il une autre cause à ce soudain chagrin. Quelle était cette chose qu'elle dissimulait derrière ces contes, comme s'ils pouvaient lui rendre ce qui lui manquait sans qu'elle ne le sache ? Résine tourna la tête vers le Lièvre. Et lui, est-ce qu'il se sentait triste ?
Son regard si noir ne renfermerait-il pas quelque déchirure invisible, une inquiétude indécelable en raison de ces vitres opaques ? Elle osa un léger sourire. Oui, il allait faire nuit, et déjà elle sentait une agréable fraîcheur descendre sur Espérance et le terrain de basket. Certes, pour un soir d'été, il faisait encore chaud, mais moins qu'au milieu de l'après-midi, ce qui semblait convenir au garçon. Son buste se soulevait et s'abaissait au rythme d'une respiration calme. Il se tenait droit, sage, le visage pointant l'Ouest. Sans nuage et sans illumination, la nuit promettait d'être d'encre, mais les étoiles ô combien lumineuses. Il aurait été charmant de rester ici jusqu'à voir disparaître les derniers rais de soleil, les ultimes sources de chaleur et de lumière. Ils pourraient demeurer ainsi, sur ce banc à l'écart du monde, et se raconter encore quelques histoires, se parler de la pluie et non pas du beau temps, constater qu'il fait nuit, se dire de rentrer et pourtant ne pas bouger et sourire en silence de leur désobéissance. En vérité, qu'est-ce qui les retenait d'agir ainsi ? D'aller à l'encontre d'un couvre-feu -y en avait-il vraiment un ?- et lui préférer une nuit à la belle étoile dans la tiédeur nocturne ? C'était une idée.

« Nous pouvons rester encore un peu. On ne craint rien, ici. »

Vrai, hormis un petit rhume, aucun prédateur, aucun ennemi ne pouvait fleurir dans l'ombre et s'attaquer à eux. Tant qu'ils n'avaient pas peur du noir, rien ne réussiraient à les inquiéter. Mais Résine ignorait l'entrave du Lièvre, et n'y pensait d'ailleurs pas du tout à cet instant. Cette chose-là, qu'elle soit phobie, obsession, mal-être, traumatisme, appartenait en propre à chaque enfant, si bien que vouloir découvrir ces secrets intérieurs lui semblait de la curiosité mal-placée. En apparence, celle du garçon aurait très bien pu être son masque, auquel il semblait si attaché, dans tous les sens du terme. Mais il pouvait aussi y avoir un autre mystère que la rousse ne souhaitait pas fouiller. Apprivoiser cet animal paraissait déjà assez compliqué comme cela, et le simple fait de pouvoir lui parler tranquillement sur un banc sonnait comme une réussite. Cependant, la résine ne se trouvait ni fière ni intéressée à cet instant. Elle replia ses genoux contre sa poitrine, avança le menton pour le poser sur ses rotules. Si aucun des deux n'était pressé de se lever et de se saluer, c'était qu'ils partageaient tous deux l'envie de ne pas le faire. Cette pensée rassura la gamine. Sale comme elle était, au fond, il aurait été logique que l'on désire la fuir en prétextant quelques excuses sorties de sous le chapeau, et l'heure en aurait certainement été une.

« En revanche, si vous voulez rentrer, vous pouvez ; je ne voudrais pas vous retenir... »

Ou si, peut-être un soupçon ? Et pourquoi pas jusqu'au matin, pareils à deux amants de la lune ? Chère lune qui, arrivée en silence à la seule évocation de son nom, apparut au-dessus d'eux lorsque Résine releva les yeux. Mais le soleil, ce grand timide, avait terminé de descendre derrière la rangée d'arbres et de maisons, si bien qu'il rata son rendez-vous avec l'astre et que celui-ci se retrouva seul pour la nuit à venir. N'était-ce donc pas l'occasion rêvée pour lui tenir compagnie depuis la surface terrestre, afin qu'il se sente moins éploré ?

« Mais peut-être que quelqu'un s'inquiétera de ne pas vous voir revenir ? »

La résine ne voudrait pas qu'un congénère attende le lièvre dans son terrier et se ronge les sangs de ne pas le voir rentrer... Un congénère comme Bird par exemple, qui se poserait sans aucun doute des questions sur l'absence de la rouquine. Mais puisque le Lièvre n'était pas au Foyer, les obligations de présence n'étaient peut-être pas les mêmes ?


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MessageSujet: Re: .Space March Hare. [Lièvre de Mars] .Space March Hare. [Lièvre de Mars] - Page 2 EmptyDim 26 Mai - 12:30

    [Admin au rapport Café (je sais que tu l'aimes bien ce smiley le Lièvre !) pas de réponses à ce rp depuis janvier ! C'est quoi ça, nanméhooo ? Ce RP est tout joli ! Il a même été RP du mois ! Vous allez pas l'abandonner comme ça ! Hop hop hop, répondez vite ici, ou alors prévenez si vous voulez abandonner quand même ^^]
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MessageSujet: Re: .Space March Hare. [Lièvre de Mars] .Space March Hare. [Lièvre de Mars] - Page 2 EmptyLun 24 Juin - 10:02

- Nous pouvons rester encore un peu. On ne craint rien, ici.

Si, justement. Qui sait tout ce qui peut s'être caché en même temps que le soleil? quelques soldats ennemis ou autres assassins... Je me sentais comme une proie vulnérable: entourée, piégée dans les filets d'une nuit charbonneuse. Avant, la question ne se serait pas posée, chaque soir, a 22 heure, je me dirigeais vers mon dortoir quelque soit le lieu ou je me trouvais. Mais, me voici, un Lièvre englué dans une résine rousse que la nuit à surpris.
La Lune commença à dessiner sa courbe déformant le paysage, étirant les ombres, les rendant plus inquiétante encore. Elle creuse alors les traits de nos visages, faisant de nous des silhouette ambulantes aux allures de têtes de mort.
Les mains sur les genoux, j'enfonce mes ongles dans la chair tendue de mes muscles. Je scrute le terrain. Discrètement. À la recherche d'un mouvement qui trahirait une présence étrangère.
Résine me parle, mes mains se desserrent légèrement.

- En revanche, si vous voulez rentrer, vous pouvez ; je ne voudrais pas vous retenir... puis elle ajouta: Mais peut-être que quelqu'un s'inquiétera de ne pas vous voir revenir ?

Non. C'est vrai qu'il n'y avait plus personne au dortoir, plus personne qui m'attendait pour me raconter sa journée ou pour me sourire tendrement. Plus personne... y avait-il quelqu'un avant Espérance? Je ferma les yeux pour chercher dans mes souvenirs et l'image du clébard égorgé me revînt en tête. Rouge sang. Je frémis, et sans m'en rendre compte mes ongles c'était à nouveau plantés dans ma peau laissant perler quelques gouttes de sang. 
Je laissa passer quelques mots entrent mes dents:

-Tu comprends pas. C'est dangereux. On ne peut pas mourir ce soir. 

Depuis quand tu deviens un "on" petit Lièvre? 
Je bondis sur mes pattes et tendis ma main griffonnée de cicatrice à Résine.

- Viens. Maintenant.

Je ressemblais à un pauvre lapin affolé. Non seulement je me retrouvais en terrain inconnu mais, en plus, j'avais un civil à protéger. Rien ne tournait en ma faveur. Je leva le museau et tenta de flairer un danger. Rien. Pour l'instant...

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