Il était une fois...

Ses souvenirs s’étaient effrités. Sa mémoire, tel un pain d’épice un peu trop vieux, un peu trop sec s’était éparpillée aux quatre vents. Des miettes, il n’était que miettes. L’esprit engourdi, Laïka avait attaché longuement son regard sur le ciel bleu. Il n’avait pas retrouvé ses esprits et peut-être ne reprendrait-il jamais conscience de lui, de ce qu’il était. Avant. Il n’était pas triste mais, devait-il l’être ?

Le jeune homme n’avait pas cherché à retrouver ce qu’il avait perdu. Il lui semblait qu’il était inutile de vouloir récupérer son passé lorsqu’il ne restait de celui-ci que le vide, la colère et le froid. Pour ce qui était du reste, malgré sa paresse naturelle, Laïka n’avait pas tardé à reprendre certains automatismes.

Loin de pleurer sur son sort, il était heureux. Le brun voyait cette situation comme une nouvelle chance parce qu’il était persuadé qu’il avait gâché la précédente. Pourquoi ? Comment ? Qui ? Qu’importe, il fallait juste que le jeune homme ne fasse plus les mêmes erreurs.

Mais qu’elles étaient ces fausses notes à ne plus commettre ?

Mille et une précautions.

Sa prudence n’était rien de moins que de la peur.

Ses larmes, des silences.

Parfois, il lui semblait avoir une impression de déjà-vu. Il évitait, si c’était possible, l’objet à l’origine de cette sensation. D’un autre côté, Il sentait parfaitement que sa complicité avec les boîtes à musique n’était pas complètement innocente pourtant il continuait d’entretenir sa passion pour elles. Une simple entorse aux règles qu’il s’imposait ? Ou un preuve que même s’il le niait il cherchait à en savoir plus sur son «Avant» ?

Ils vécurent heureux et...

Croire ou ne pas croire s’il y avait une vie après la mort ? Après tout, n’ayant plus aucun souvenir de leur passé, Espérance était peut-être une sorte de purgatoire avant de pouvoir reposer en paix. Pourtant, sans vraiment savoir pourquoi, le brun était persuadé qu’il n’était pas passé de l’autre côté de la barrière. C’était plus qu’une simple constatation physique. Plus que sentir le coeur battre dans la poitrine. C’était une certitude qu’il avait depuis son arrivée. Cela faisait d’ailleurs un certain temps que Laïka était arrivé en ces lieux. Ce souvenir avait déjà commencer à s’émietter mais il n’en avait cure. Le plus important d’après lui n’est pas de savoir comment ou pourquoi était-il ici mais le fait même d’y être.

En peu de temps il s’était décider à habiter dans le foyer. Bird semblait être quelqu’un de confiance ou du moins quelqu’un qui ne l’embêterait pas trop. S’il n’était pas trop bavard, Laïka mettait toujours un point d’honneur à participer un minimum à la vie du foyer pour qu’on ne puisse pas le ranger dans la catégorie des insociables. Seulement cette technique avait un défaut majeur car le jeune homme devenait particulièrement désagréable lorsqu’il se forçait à faire quelque chose. Commençait alors un cercle vicieux, en se forçant pour aider, Laïka ne s’attirait pas les faveurs de ses camarades. Voyant bien qu’il dérangeait, le jeune homme avait tendance à se retirer dans sa chambre, ce qui permettait aux troubles-fêtes d’accuser le brun d’être solitaire, le confortant, à tort, dans son idée de rester encore un peu plus de temps dans sa chambre.

Les jours défilaient et il ne doutait pas que certains devaient estimer qu’il serait mieux pour tout le monde qu’il s’installe dans sa propre maison. Laïka n’avait alors jamais cessé de décliner cette proposition. Il passait désormais la plupart de son temps dans sa chambre à s’occuper de ses boîtes à musique, quitter le foyer revenait à s’isoler complètement du monde. Mais le jeune homme n’aimait pas la solitude. A l’instar de sa passion pour tout ce qui contenait des engrenages, il savait que sa peur de rester seul avait un rapport avec sa vie d’avant. Il refusait alors de s’aventurer plus sur ce sujet effrayé à l’idée d’en apprendre plus. Quant à l’exception des boîtes à musique, Laïka vouait pour celles-ci une véritable admiration qui s’étendait donc à tous les autres objets contenant des engrenages. Aussi, même si le jeune homme se plaisait à nourrir les poules, il préférait de loin gagner sa vie grâce à ses tournevis et ses boulons. Il avait donc ouvert, officieusement, une boutique où il fabriquait des jouets sur commandes.

Et s’il passait un temps considérable à travailler tranquillement dans son coin, ne sortant que très peu hors du foyer, il y avait toujours le Reflet qui lui permettait de s’évader. Pourtant son apparence n’aidant absolument pas, il passait son temps dans cet autre monde à avancer sans savoir quoi faire. Marcher pour découvrir, courir pour fuir.

Les seules choses qui lui étaient impossible de faire c’étaient s’arrêter ou reculer.

S’arrêter pour s’attarder,
Reculer pour vérifier.

La princesse eût par ce moyen toutes les perfections inimaginables...

La schizophrénie n’avait aucun rapport avec son cas. Laïka n’était pas malade et il avait beau le garantir, certains continuaient encore de penser que ça ne tournait pas rond pour le brun. La méprise se construit autour du caractère que l’on peut associer à son physique qui ne correspond pas tout à fait à sa mentalité si on creuse un peu le problème.

La première impression quand il s’agit du jeune homme n’est jamais couronnée d’un franc succès. Il est facile de critiquer l’image qu’il renvoie. Sévère, insensible, insociable...on peut lui donner un grand nombre d’attributs peu amicaux. Il faut cependant admettre que le brun à sa part de responsabilité. Si les choses se passent ainsi c’était principalement sa faute. Il serait évidement plus commode pour lui de changer de garde robe, de coupe de cheveux et de regard pour tenter de gagner la confiance de son entourage. Mais la première chose à savoir est donc la suivante, Laïka est difficilement influençable (voir complètement inflexible) quand il s’agit de sa manière d’être. Chacun est libre de ses choix et il n’a que faire des commentaires des gens qui le critiquent son apparence. Suite à cela il ignore plus ou moins ces personnes considérant que vouloir se lier d’amitié avec ceux qui jugent sans vraiment savoir n’est pas une brillante idée.

Et ce qu’il faut savoir c’est ce qui se cache derrière les apparences. Contrairement aux rumeurs, le brun ne s’exprime pas seulement par regard, il apprécie la parole plus que les silences et si son sourire ne va pas jusqu’à ses oreilles, c’est parce que ce n’est pas distingué. Il s’autorise tout de même à exprimer son bonheur avec un fin et gracieux sourire.

S’il n’est pas en colère, la paresse prend le dessus faisant du jeune homme une personne relativement calme. Et s’il affectionne flâner en ville ou faire semblant de dormir après le chant du coq cela n’empêche pas au jeune homme d’être énergique s’il le souhaite. Lorsqu’il s’occupe de ses boîtes à musique, le brun tout en étant minutieux, fait preuve d’une habilité certaine. Plus généralement, quand il s’investit Laïka est très efficace mais il ne faut pas oublier qu’il ne s’implique seulement lorsque la chose lui tient réellement à coeur. Si ce n’est pas le cas, le brun fait le minimum d’effort (exception faite de ce qui est important). Responsable, le jeune homme se force souvent à aller contre sa paresse pour ne pas ternir la réputation qu’il tente de se forger. Dans ces moments son regard hautain l’est véritablement et il fait preuve de mauvaise foi.

Cette réaction assez mesquine n’était qu’un grain de sable dans un sablier. Ce qu’il fallait redouter plus que tout chez Laïka c’était sa colère. Toutefois, bien qu’il cherche inconsciemment à imposer son autorité ce n’est pas exactement lorsqu’on lui désobéit qu’il s’emporte au point d’en devenir violent.

On ne trouve guère un grand esprit qui n'ait un grain de folie.

Tout commençait par une trahison. C’était uniquement de leur faute lui n’était que l’innocente victime d’une conspiration. Tous l’abandonnaient et ils n’en avaient pas le droit ! Ce qui était à Laïka n’appartenait qu’à lui. Qu’on n’ose voler un de ses biens et le résultat serait terrible. Le jeune homme n’était pas possessif, le mot était bien trop faible pour lui convenir. Le possessif cherche à étendre son autorité, dominer ce qui lui appartient. Laïka était plus que ça. Hyper-possessif. Un ami, un de ces automates, une connaissance, un baiser, un simple regard… Une rage folle tourmentait l’âme du brun lorsqu’il considérait qu’on lui avait dérobé quelque chose, quelle qu’elle soit, où que par sa propre volonté cette chose avait décider de voler de ses propres ailes. Cette colère destructrice était aveugle et avait pour cible tout ceux qui n’avaient pas eu le reflexe de s’éclipser. L’hystérie se finissait généralement dans les larmes pour le jeune homme qui ne comprenait plus vraiment la cause de son emportement.

Amertume.

Laïka, depuis qu’il se trouvait a Espérance n’avait jamais été jusqu’au stade de la crise de nerfs. La peur de reproduire les erreurs passées le poussaient à fuir les situations à risques. Celles-ci se définissaient comme les moments où il ne pouvait pas réprimer une ou deux critiques acerbes. Alors il s’échappait pour converser avec ses boîtes à musique et ses jouets. Le jeune homme s’évertuait à nier l’évidence. Chasser le naturel, il revient toujours au galop.

De l’autre côté, la première fois qui lui avait été permis d’apercevoir son apparence dans le Reflet, la stupéfaction s’était peinte sur son visage… au sens figuré. Son visage avait, sans aucun doute, de quoi laisser pantois. Dans le monde des rêves une cage aux barreaux mordorés se substituait à la tête du jeune homme. Comment pouvait-il voir, entendre ou parler ? Des questions qui n’avaient pas besoin de réponses, c’était le Reflet après tout. Ce qui l’intriguait était son avidité à capturer tout ce qui lui passe sous la main pour l’emprisonner dans sa cage. Lui donnant un sentiment de soulagement surprenant.

Miroir, miroir dis-moi qui est la plus belle ?

Laïka n’a jamais eu l’occasion de se trouver en compagnie d’un miroir qui aurait pu répondre à cette question. De plus, même si le jeune homme est particulièrement soigneux avec son apparence, il ne se pose que très rarement des questions de cette nature. Laid ou sublime, le principal est de posséder un comportement convenable. De bonnes manières valent une dentition parfaite.

Oh bien sûr, si aucun miroir sur son chemin n’avait jamais été capable de pouvoir répondre, le jeune homme s’était déjà retrouvé en tête à tête avec des miroirs moins bavards mais tout aussi révélateurs. Grand, Laïka est grand. Il n’est pas un géant mais bon nombre sont ceux qui doivent lever légèrement la tête pour croiser son regard. Derrière une paire de lunette relativement discrète, ses yeux charbon d’os fondent les bases de l’aura presque glaciale qui l'enveloppe. La nature avait fait les choses ainsi, Laïka ne paraît pas disposer à être bienveillant envers les autres. Il ne cherche point à contredire la nature et n'essaye en aucun cas à masquer son regard qualifié d’arrogant.

La nature étant sournoise, elle n’a pas permis au brun d’avoir des arguments convaincants pour dissuader quiconque d’exprimer physiquement son aversion pour lui. En d’autres termes, Laïka est faible. Son teint pâle et sa fine silhouette témoignaient en sa défaveur. Il ne faut pas croire alors qu’un simple coup de vent ferait disparaître le brun à jamais. En effet, il ne vaut mieux pas être présent lorsqu’il lui arrive de se mettre en colère, l’adrénaline aidant à prouver qu’il n’est pas complètement une loque.

Bien que le brun ne soit pas fort de ses poings et peu énergique quand il n’y voit pas l’intérêt il ne passe pas son temps le dos vouté, la tête orientée vers le sol, les bras ballants. Au contraire, sa démarche est droite, il garde la tête haute et ses bras reposant élégamment le long de ses flancs.

La seule particularité physique du jeune homme pourrait sembler être un grain de beauté légèrement en dessous de son oeil gauche. En réalité, Laïka possède un tatouage en bas de la nuque représentant un oiseau prisonnier dans un cage argentée. Cependant, même si cela peut semble surprenant, il l’a oublié et n’en a pour le moment pas encore prit connaissance. Pour sa défense, sachez qu’il n’est pas évident et capital pour lui d’admirer son dos dans un miroir.

Sa garde robe se limite principalement à des veste et des pantalon noirs, des chemises blanches et des cravates. Le tout n’améliorant pas l’atmosphère austère l’emprisonne mais, comme une bulle, il est aisé de faire s’éclater les préjugés.

Alors non, le physique n’était pas essentiel. Sublime ou laid, un sourire vaut plus qu’un regard.

De l'autre côté du miroir...

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